Le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi est arrivé lundi à Goma, dans l'Est du pays, pour une visite sous haute tension centrée sur les questions sécuritaires, sur fond de tueries à Beni et de tensions communautaires dans le Sud-Kivu.
Le président Tshisekedi doit participer mercredi à une réunion par visioconférence avec ses homologues des pays voisins et concernés par la sécurité dans l'Est de la RDC: Ouganda, Rwanda et Burundi.
Au moins huit personnes ont encore été tuées lundi matin à Mamove dans le territoire de Beni, à 350 km au nord de Goma, a indiqué l'administrateur du territoire, Donat Kibwana.
Ce responsable politico-administratif a attribué la tuerie au groupe armé ADF, responsable présumé de la mort de centaines de civils depuis un an.
Les experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) présents dans la région de Beni ont confirmé l'attaque, sans donner de bilan.
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A sa descente d'avion, le président Tshisekedi a été hué par une poignée de manifestants qui lui ont rappelé que le Congo est "indivisible".
Une claire allusion à la polémique politique qui enflamme la province voisine du Sud-Kivu. Une polémique qui renvoie les Congolais aux heures sombres des deux guerres du Congo (1996-2003) et l'ingérence directe de ses voisins sur son territoire, à commencer par le Rwanda.
La semaine dernière, une délégation officielle a élevé au rang de commune rurale la localité de Minembwe sur les hauts-plateaux du territoire de Fizi.
Or le maire de Minembwe et la majorité de ses habitants sont des Congolais tutsi rwandophones, dont les milices sont en conflit avec des groupes armés d'autres communautés.
Cette décision administrative a réveillé dans l'esprit de nombreux Congolais le spectre d'une "balkanisation" de l'Est de la RDC au profit de ses voisins, à commencer par le Rwanda.
"Je demande aux Congolais de s'opposer à l'instauration de Minembwe en commune rurale. Cette initiative téméraire est une sérieuse menace à l'intégrité territoriale de la #RDC. J'invite le peuple congolais à la vigilance de manière à faire échec à ce plan de balkanisation du pays", a tweeté l'opposant et ex-candidat à la présidence de la République, Martin Fayulu.
Dans le Sud-Kivu, l'évêque d'Uvira Sébastien Muyengo a regretté cette décision qui "loin d'être de nature à faciliter la véritable paix dans les Hauts-plateaux, suscite au contraire beaucoup d'animosité".
L'homme d'Église s'interroge sur la "responsabilité" du président Tshisekedi.
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