"Ce n’est pas parce qu’on a arrêté deux ou trois petits poissons que la corruption va s’arrêter à Brazzaville !" s’exclame sur VOA Afrique, Lamyr Nguele, le président de la Commission de lutte contre la corruption.
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La gangrène est profonde et le Congo-Brazzaville est l’un des pays les plus mal classés dans la corruption. Certains critiques pensent même que c’est devenu un sport national. Jean-Marie Ibara, activiste anti-corruption à Owando, reconnait que le phénomène est ostentatoire dans cette ville de la Cuvette au nord.
"C’est courant qu’un directeur départemental qui arrive au Trésor doit reverser un pourcentage pour accéder à son crédit. Les enseignants sont corruptibles, surtout pendant les examens scolaires", dénonce M. Ibara.
Pour l’analyste économique Augustin Benazo, le Congo est noyé dans la corruption, et cela entrave son émergence économique.
"Parmi les secteurs qui subissent de plein fouet la corruption, il y a la douane qui représente 37%, les marchés publics sont à 30%, le système judiciaire représente près de 30%. La corruption est devenue endémique au Congo. Il y a des conséquences au niveau de la vie des populations, tous les indicateurs sont alarmants, et le niveau de pauvreté est à 50% ", révèle l’analyste qui épluche une enquête du PNUD réalisée dans le pays en 2014.
Récemment, les autorités dont le président Denis Sassou N’Guesso lui-même, se sont attaquées au phénomène en décriant l’absence des sanctions dans l’administration publique.
Lamyr Nguele, le président de la Commission de lutte contre la corruption, en fait presqu’un rapport alarmant.
"Courant 2014, un crédit d’un milliard a été alloué pour le traitement anti-paludique complet. Malheureusement, cette somme a servi uniquement pour l’achat des solutés et des glucosés 5% et, sacrifiant ainsi les populations d’un traitement complet. L’argent de la commande a même été versé avant la livraison des médicaments, contrairement aux règles de passation des marchés. Au moment de l’enquête, plus de 40% des médicaments vendus, se trouvaient encore dans l’entrepôt de la société", révèle Lamyr Nguele.
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La société civile ne cesse de dénoncer les pratiques qui frisent la corruption dans les milieux officiels.
Fortuné Maixent Hanimbat, président du Forum pour la gouvernance et les droits de l’homme (FGDH), doute même de l’aboutissement des enquêtes enclenchées dans le pays.
"La corruption ne va pas s’arrêter parce qu’on a arrêté deux ou trois petits poissons. C'est un phénomène général qui prend sa racine dans la gouvernance électorale. Soyons sérieux ! Je crois que le procureur ne va toucher qu’aux dossiers qu’il va être autorisé à toucher. Donc, il fera attention au regard de qui est au-dessus de lui", indique Maixent Hanimbat.
Le FMI s’est montré sévère envers les autorités, allant jusqu’à demander de clarifier certaines fortunes constituées sur l’activité pétrolière.