La société civile burkinabè exhorte à juger les crimes politiques d'ici fin 2017

La Cour de justice à Ouagadougou, au Burkina Faso, le 17 avril 2015.

La société civile met un accent sur des dossiers qu'elle qualifie d'emblématiques dont celui de Norbert Zongo (journaliste assassiné en 1998), Thomas Sankara (ancien président tué lors du putsch de 1987) et Dabo Boukary (étudiant torturé à mort en 1990).

Les organisations de la société civile ont appelé samedi le gouvernement burkinabè à juger toutes les affaires de crimes politiques pendantes au plus tard d'ici fin 2017, lors d'une rencontre avec le président Roch Marc Christian Kaboré.

"Nous souhaitons voir faire le procès de tous les crimes économiques et politiques au plus tard en fin 2017", a déclaré le porte-parole des organisations de la société civile, Charles Sorgho, lors d'une cérémonie au palais de la présidence dans la capitale Ouagadougou.

"Nous souhaitons que les dossiers de crimes (...) emblématiques (notamment) celui de Norbert Zongo (journaliste assassiné en 1998), Thomas Sankara (ancien président tué lors du putsch de 1987), Dabo Boukary (étudiant torturé à mort en 1990), ne soient pas expédiés mais connaissent un aboutissement", a déclaré le porte-parole, estimant que ces affaires constituent "des casseroles que les autorités traînent depuis longtemps".

Lors de cette rencontre, le président Kaboré a de son côté déclaré "(fonder) espoir que d'ici fin 2017 un certain nombre de ces dossiers importants connaîtront un dénouement".

"Tous les Burkinabè sont toujours en train de regarder dans le rétroviseur pour voir comment ces questions vont être traitées", a-t-il relevé, estimant que le jugement de ces dossiers va "permettre de regarder l'avenir (...) car ce sont des questions qui sont fondamentales pour la stabilité de la nation".

En mai, les syndicats du Burkina avaient dénoncé une "impunité" pour les auteurs de crimes de sang ou économiques sous l'ancien régime du président déchu Blaise Compaoré dont les dirigeants actuels ont été pendant plusieurs années de proches collaborateurs.

Depuis fin avril, la justice burkinabè juge 34 ministres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré pour leur implication présumée dans la répression de l'insurrection populaire d'octobre 2014.

La Haute cour de justice, seule juridiction habilitée à juger le chef de l'Etat et des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, a dû sursoir à statuer, en attendant la correction de ses textes jugés contraires à la Constitution car ne permettant pas de recours sur ses décisions.

Avec AFP