Les islamistes radicaux shebab ont revendiqué l'attentat, le plus meurtrier depuis cinq ans, affirmant que leurs combattants avaient visé le ministère de l'Education. L'attaque a également fait au moins 300 blessés. Deux véhicules piégés ont explosé samedi sur une artère très fréquentée à quelques minutes d'intervalle.
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Les explosions, qui ont soufflé les fenêtres des bâtiments voisins, ont submergé les hôpitaux et cliniques, dans ce pays au système sanitaire ravagé par des décennies de conflit. La Somalie, pays de la Corne de l'Afrique, est plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Siad Barre en 1991.
"Nous appelons la communauté internationale, les frères somaliens et les autres frères (...) à envoyer des médecins en Somalie pour aider les hôpitaux à soigner les blessés", avait déclaré dimanche le président Hassan Sheikh Mohamud, en soulignant que le nombre de victimes pourrait encore augmenter. "Nous ne pouvons pas transporter par avion tout ce nombre de blessés (...). Nous demandons à quiconque pouvant nous envoyer de l'aide de le faire", avait poursuivi le chef de l'Etat, après avoir lui-même donné son sang.
Le premier ministre Hamza Abdi Barre a ordonné la fermeture des écoles pour que les étudiants puissent donner leur sang.
"En guerre"
La Somalie et "ces terroristes sont en guerre", avait également affirmé le président Hassan Sheikh Mohamud. Pour le chef de l'Etat, ce double attentat montre que les islamistes shebab ont "perdu et (...) sont incapables de contrer l'armée, de sorte qu'ils se sont faufilés pour massacrer des civils innocents".
L'attaque a eu lieu au même carrefour qui avait déjà été frappé par le plus grave attentat jamais commis en Somalie : 512 personnes avaient été tuées le 14 octobre 2017 par l'explosion d'un camion bourré d'explosifs. Ali Yare Ali, un responsable local à Mogadiscio, a déclaré à des journalistes qu'entre 7 et 9 corps pourraient encore se trouver sous les débris.
La communauté internationale a rapidement condamné le double attentat. La mission de l'ONU en Somalie s'est engagée à se tenir "résolument aux côtés de tous les Somaliens contre le terrorisme" et Washington a vilipendé une attaque "haineuse" et assuré les autorités somaliennes de leur "soutien dans le combat pour prévenir de tels attentats terroristes impitoyables".
Le mouvement jihadiste des shebab, lié à Al-Qaïda, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Il a été chassé de Mogadiscio en 2011 mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays et mène régulièrement des attaques dans la capitale et les grandes villes de Somalie.
Ces derniers mois, les shebab ont redoublé d'activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l'Afrique, avec notamment un spectaculaire assaut, long d'une trentaine d'heures, fin août contre un hôtel de Mogadiscio.
Après cette attaque qui avait fait au moins 21 morts et 117 blessés, le président Hassan Cheikh Mohamoud avait promis une "guerre totale" pour éliminer les shebab et appelé la population à se "tenir à l'écart" des zones contrôlées par les islamistes qui allaient être visés par de prochaines offensives. Les islamistes radicaux shebab ont également revendiqué l'attaque d'un hôtel de Kismayo, dans le sud du pays, le 23 octobre, qui avait fait 9 morts et 47 blessés.
Les forces de sécurité et des milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui ont permis selon les autorités de reprendre du terrain aux combattants islamistes. Outre l'insurrection shebab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, provoquée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de 40 ans.