"Nous allons commencer à inhumer ici les corps qui n'auront pas encore été identifiés par des proches. La cérémonie sera présidée par le Premier ministre, Kassim Majaliwa, et les représentants des différentes confessions religieuses seront là", disait samedi le gouverneur de la région de Mwanza (nord-ouest), John Mongella, à la télévision publique TBC One.
Le travail de recherche des corps devrait se poursuivre dans le même temps.
Samedi soir encore, les plongeurs s'affairaient autour de la coque qui affleurait à quelques dizaines de mètres à peine de l'île d'Ukara, la destination finale du ferry, sous le regard de centaines d'habitants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Lire aussi : Le bilan dépasse les 200 morts mais un survivant a été extrait de l'épave du ferry en TanzanieSur le rivage, des dizaines de cercueils en bois étaient alignés, attendant d'être récupérés par les proches des victimes.
Le gouverneur a annoncé qu'un "dispositif" permettant de "retourner" l'épave, et donc d'accélérer les recherches, était en chemin pour Ukara. "Nous attendons d'un moment à l'autre les spécialistes et le dispositif pour retourner le ferry. Ils ont promis de se mettre à l'oeuvre dès leur arrivée", a expliqué M. Mongella.
Le très lourd bilan de 218 morts dépasse largement la capacité théorique du MV Nyerere, qui n'était que de 101 passagers. Sans même compter les 41 rescapés.
L'enquête devra déterminer le nombre exact de personnes à bord du bateau au moment du drame, qui reste flou à ce stade.
Elle devra aussi faire la part entre les témoignages. Selon certains, des passagers se sont déplacés vers l'avant du navire à l'approche du débarcadère, et ce mouvement a déséquilibré le bateau. Selon d'autres, la personne à la barre, distraite par son téléphone portable, a raté la manœuvre d'approche et, souhaitant se rattraper, a effectué une manœuvre brutale qui a fait chavirer le ferry.
Vendredi soir, le président tanzanien, John Magufuli, avait révélé que le capitaine, absent, avait laissé à la manoeuvre un subordonné sans expérience.
La surcharge des embarcations est un facteur récurrent des catastrophes sur le plus grand lac d'Afrique, traversé par des navires vétustes, avec des autorités sont souvent peu regardantes sur la sécurité. En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du ferry Bukoba, surchargé de passagers, à quelques milles au large de Mwanza.
Pour aggraver les choses, très peu de gens ont l'occasion d'apprendre à nager dans cette région du monde.
Lire aussi : Le président ordonne l'arrestation des opérateurs du ferry naufragé en TanzanieL'espoir de voir évoluer le nombre de rescapés est désormais quasi nul. Contre toute attente cependant, le machiniste a été extrait vivant de l'épave samedi à la mi-journée, après avoir survécu pendant près de deux jours dans un compartiment du navire encore rempli d'air, a indiqué un député local.
"Ce qui s'est passé est horrible", soupire Ahmed Caleb, 27 ans, t-shirt noir sur les épaules. "J'ai perdu mon patron, des amis, des gens avec qui j'ai été à l'école".
Évoquant une "négligence", le président tanzanien a ordonné vendredi soir que "toutes les personnes impliquées dans la gestion du ferry" soient arrêtées. "Les responsables seront absolument punis", a-t-il promis, décrétant également un deuil national de quatre jours.
Le ferry MV Nyerere, du nom du premier président tanzanien Julius Nyerere, assurait la liaison entre l'île d'Ukara et celle, située juste en face, d'Ukerewe, qui abrite la localité de Bugolora, où les habitants d'Ukara viennent régulièrement s'approvisionner.
Après le pape François vendredi, le secrétaire-général de l'ONU, Antonio Guterres, a présenté ses condoléances "aux familles des victimes, au gouvernement et au peuple de la république unie de Tanzanie".
Avec AFP