Mobilisés via les réseaux sociaux, les rassemblements dirigés par des jeunes dans plusieurs régions du pays ont initialement ciblé la Brigade spéciale fédérale de lutte contre les vols (SARS), une unité de police notoire longtemps accusée de harcèlement, d'extorsion et d'exécutions extrajudiciaires.
Le gouvernement a annoncé une série de mesures, y compris la dissolution de l'unité de police redoutée, ainsi que la libération des personnes arrêtées pendant les manifestations.
Femi Adeshina, le porte parole du président nigérian, souligne que "depuis le début de ces manifestations, des décisions sont en train d’être prises aux différents niveaux et le président a reconnu que leurs demandes sont légitimes et que la dissolution de SARS est la première étape d’une série de reformes qui viendra".
Cependant, l'annonce n'a pas répondu aux attentes de nombreux manifestants, qui se sont depuis engagés à continuer de lutter pour la fin des violences policières et une refonte complète de l'appareil de sécurité.
Des centaines de manifestants à travers le pays affirment qu'ils resteront dans les rues jusqu'à ce que le gouvernement mette fin aux exactions policières.
"Notre problème est très simple", lance Nike Fowowe, un manifestant. "Il faut satisfaire nos demandes et faire accompagner cela par une action concrète. Donnez-nous une loi votée par le parlement et un décret de l'exécutif pour que les Nigérians voient qu'il y aura une implémentation", précise-t-il.
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L'inspecteur général des services de police, Mohammed Adamu, a annoncé la formation d'une nouvelle unité spéciale (SWAT) pour remplacer la défunte SARS. Il a précisé qu'aucun ancien membre de SARS ne serait recruté dans la nouvelle équipe.
Une décision qui n’a pas particulièrement convaincu la jeunesse.
Même des experts ont émis des doutes. C'est le cas d'Aphram Amakulor, un ancien inspecteur général-adjoint des services de police du Nigeria. "Je pense que l’idée de créer SWAT ne résout pas le problème. C’est un problème qui doit être une préoccupation du parlement fédéral. Depuis plusieurs années ils tentent de mettre en place une police de proximité. Le gouvernement doit revoir la structure de l'appareil sécuritaire".
Dans une déclaration mercredi, l'armée a promis sa loyauté au président Muhammadu Buhari et a déclaré qu'elle était prête à soutenir l'autorité civile pour faire respecter la loi et maintenir l'ordre.
Une déclaration qui a été perçue comme une menace voilée par les manifestants qui souhaitent des réformes profondes. Des membres de la société civile se sont aussi alarmés.
"Quoi qu'il arrive, les forces armées ne doivent pas s'impliquer dans les problèmes de société entre civils", a avertit Ebun Olu Adegboruma, avocat au barreau nigérian.
Vendredi, des manifestants ont bloqué une partie de la voie express Lagos-Ibadan, provoquant un embouteillage, selon le quotidien The Punch.