Au service d’oncologie de l’hôpital national d’Abuja, près d’une centaine de patients du cancer sont assis sur les bancs pour recevoir des soins ou se faire consulter. Chaque jour, le service reçoit plus de 50 nouveaux patients qui présentent des signes du cancer.
Adeliseh Mijorayor, mère de cinq enfants, vit avec le cancer du sein depuis quatre années déjà. "C’est une expérience terrible de vivre avec cette maladie", témoigne-t-elle. "L’accès au traitement n’est pas aussi facile même si le gouvernement essaie de faire quelque chose", ajoute-t-elle.
Une autre patiente, Laura, est âgée de 60 ans et elle a aussi cinq enfants. Un an auparavant, elle a reçu le diagnostic positif d'un cancer du sein. Depuis, elle se rend régulièrement au centre pour son traitement.
"Les médecins tentent ce qu’ils peuvent. Mais ce que j’ai remarqué est qu’il y a un manque de personnel. Et leurs machines ne fonctionnent pas. Pour aujourd’hui, par exemple, il n’ y a plus d’espoir pour nous de recevoir la radiothérapie parce que la machine est en panne, la seconde aussi était déjà en panne. Donc, il nous ont demandé de rentrer à la maison", explique-t-elle.
Au Nigeria, le cancer du sein chez la femme est reconnu comme une cause majeure de mortalité, avec un taux d'incidence allant de 36,3 à 50,2 sur 100.000 naissances.
Selon le département de la radiologie de l’hôpital national d’Abuja, le centre enregistre cinq à dix cas chaque jour avec 40 à 60% des cas ayant le cancer du sein ou des cas suspects du cancer.
"Avant, on parlait des femmes atteintes du cancer du sein âgées entre 30 à 40 ans mais maintenant même les jeunes femmes de 18 ans peuvent avoir le cancer du sein", s'alarme Dr Titus Nwande du Collège ouest-africain des chirurgiens. "Toutes les femmes doivent être mises en alerte et se faire tester... Pas seulement elles, même les hommes sont concernés".
A l’heure où des solutions thérapeutiques innovantes se multiplient dans le traitement du cancer, des pays comme le Nigeria accusent encore un retard considérable dans la prise en charge globale de ce type de cancer.
Pour Dr Titus Nwande, le manque d’équipements est un défi majeur. "Le centre de diagnostic n’est pas bien équipé, nous pouvons mieux faire. On peut avoir plus de machines et former aussi plus de personnes. Il y a de nouvelles techniques et de nouvelles machines dont nous ne disposons pas. S'agissant du traitement, la seule machine qui traite les patientes du cancer du sein est utilisée pour traiter tous les autres patients des autres types de cancer. Donc il y a un déficit", avoue-t-il.
Comme l'année dernière, les autorités sanitaires se mobilisent pour sensibiliser les populations. L’objectif principal: encourager les femmes ayant des symptômes à effectuer des tests de dépistage au stade préliminaire de la maladie pour faciliter le traitement.
Selon les résultats d'une étude publiés en septembre dans la revue médicale The Lancet, le cancer du sein est la deuxième cause de décès par cancer chez les femmes en Afrique subsaharienne. Le Nigeria a le plus faible taux de survie, soit 40 %, parmi les cinq pays d'Afrique où l'étude a été menée.