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Dans la région de l’Est, de nombreux enfants Centrafricains à la recherche de l’or affrontent des conditions difficiles sur les sites miniers, parfois au péril de leur vie. Pour survivre, un enfant centrafricain a trouvé la mort sur un site minier exploité par une société chinoise. Un procès est en cours depuis 2022.
“C’est choquant, bien sûr, tout le monde est appelé à mourir, mais ça ne devrait pas être dans de telles circonstances”, se lamente Djimé Mama.
Djimé Mama est un ressortissant centrafricain vivant à Batouri au Cameroun, à 400 km de Yaoundé. En 2021, Youssouf, son neveu âgé de 16 ans, a trouvé la mort à la recherche de l’or au village Kambelle III, dans la région de l’Est, voisine de la République centrafricaine.
“La nuit autour de 3h du matin, les amis de Youssouf sont venus me réveiller pour m’informer que Youssouf a été englouti par dans un éboulement, on cherche encore son corps sans le retrouver, je me suis rendu sur le site pour les accompagner dans les recherches et son corps a été retrouvé vers 5h du matin et on l’a enterré le même jour”, explique l’oncle éploré.
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C’est sur le site minier d’une société chinoise dénommée Menchenu Wang Woping, laissé ce jour-là à ciel ouvert, que le jeune Centrafricain Youssouf est décédé. Il y a 2 ans, un procès s’est ouvert contre cette société chinoise au tribunal de Batouri, à plus de 400 km de Yaoundé.
“Du point de vue juridique, il faudrait que les sociétés chinoises comprennent qu’il y a un code minier qui doit être respecté au Cameroun et l’administration des mines doit aussi assumer ses responsabilités. Si elle le faisait pleinement dans les chantiers miniers, on n’assisterait pas à ce genre de situation heureusement que la gendarmerie nationale essaye de les suppléer dans leur manquement , la valeur symbolique de ce procès est que c’est un message fort qui est envoyé à tous les expatriés et même les locaux qui s’associent avec les expatriés, nous leur disons que les actions ne peuvent pas restées impunies”, assure Dieudonné Djisse, avocat de la victime..
Mais on retrouve encore de nombreux enfants centrafricains à la recherche effrénée de l’or sur les chantiers miniers dans la région de l’Est.
“Chez nous là-bas en Centrafrique c’est difficile, depuis que je suis arrivé au Cameroun, je travaille seulement dans les chantiers miniers, je creuse la terre, et lorsque je trouve les cailloux, je les casse puis on les écrase et je lave le tout avec du mercure et par chance je trouve un peu d’or que je vends pour pouvoir me nourrir”, témoigne l’un des enfants.
Lire aussi : Plus de 15.000 réfugiés centrafricains dans le nord-ouest de la RDC en 17 joursJospin a, quant à lui, quitté la Centrafrique en 2015, il avait alors 7 ans. Aujourd’hui, il dit gagner sa vie sur un site aurifère au village Mali, dans la région de l’Est.
“J’habite ici au chantier, j’ai quitté mon village en Centrafrique pour venir ici au Cameroun ; on s’est d’abord installé à Garoua Boulai, je peux dire que l’or ça dépend du taux de change, il y a des moments ça paie tu peux avoir entre 600.000 et 700.000 CFA et parfois ça ne paie pas”, confie l’adolescent.
Les autorités camerounaises tentent d’endiguer le phénomène du travail des enfants sur les sites miniers dans la région de l’Est.
“Nous constatons de temps en temps la présence des enfants dans les sites miniers, les enfants à l’âge scolaire au détriment de leur éducation, il faut qu’on respecte les instructions du gouvernement qui a prescrit l’interdiction de ces enfants dans les sites miniers et nous qui sommes sur le terrain nous devons les appliquer et j’ai instruit toutes les autorités au niveau des arrondissements d’appliquer cette (mesure)”, affirme Djadaï Yakouba, préfet de la Kadey, dont la localité de Batouri est le chef-lieu.
Ces sept dernières années, les organisations de la société civile locale affirment qu’au moins 200 personnes sont mortes sur les sites aurifères dans la région de l’Est, parmi lesquels des enfants de nationalité centrafricaine.
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