La Tunisie, 1er pays du Maghreb à lancer un satellite fabriqué 100% localement

Un écran montre le lancement de la fusée porteuse russe Soyouz-2.1a depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan transportant 38 satellites étrangers dont le premier satellite tunisien Challenge-1, le 22 mars 202

C'est un petit pas pour l'aérospatiale mais un grand pas pour la Tunisie: le premier satellite fabriqué entièrement localement, destiné à l'internet des objets connectés, a été lancé dans l'espace lundi.

"C'est une fierté d'avoir participé à ce projet, travailler dans le secteur aéronautique ou aérospatial est un rêve", a déclaré à l'AFP Khalil Chiha, ingénieur formé à l'école nationale d'électronique de Sfax (centre).

La Tunisie est le premier pays du Maghreb à fabriquer son propre satellite, et le sixième pays africain, selon le site spécialisé Space in Africa.

Thermomètres ou capteurs de pollution connectés, puces de localisation ou senseurs d'humidité: ce satellite expérimental est destiné à récolter les données collectées par ces appareils pour y avoir accès en temps réel même dans une zone terrestre sans couverture internet.

Le président tunisien Kais Saied prononce un discours à la suite du lancement de la fusée porteuse russe Soyouz-2.1a depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan.

"Challenge One", créé par l'entreprise tunisienne de télécommunications TelNet, doit rejoindre son orbite vers 10h20 GMT à bord d'un lanceur Soyouz.

La fusée, qui devait initialement décoller samedi -65e anniversaire de l'indépendance tunisienne-, a finalement quitté Baïkonour, au Kazakhstan, lundi matin. Un décollage suivi depuis Tunis par le président tunisien Kais Saied.

"Notre richesse réelle est la jeunesse qui peut faire face aux obstacles", a déclaré M. Saied, soulignant que la Tunisie, empêtrée dans une crise sociale et politique, ne manquait pas de ressources mais de "volonté nationale".

Ce projet d'environ un million d'euros, lancé en 2018, est la concrétisation du travail d'une équipe de jeunes ingénieurs locaux, encadrés par quelques experts tunisiens travaillant à l'étranger, dont l'un a participé à la mission Perseverance de la Nasa sur Mars.

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Challenge One, qui doit disposer d'une capacité de transmission de 250 kb/s sur 550 km, tente de répondre au besoin croissant de connexion satellitaire pour les objets car moins de 20% de la surface du globe est couverte par le réseau internet terrestre.

TelNet souhaite lancer d'ici trois ans, en partenariat avec d'autres pays africains, une constellation de plus de vingt satellites pour exploiter commercialement cette technologie.

"Cela ouvre la voie à l'ouverture d'un service innovant pour la région, dans un domaine en pleine expansion", a souligné à l'AFP Mohamed Frikha, PDG de TelNet.

Signe du développement aérospatial dans la région, les Emirats arabes unis ont lancé en février la première mission interplanétaire arabe, une sonde en orbite autour de Mars.

Une agence spatiale africaine et un groupe de coopération arabe dans le domaine spatial ont été mis sur pied en 2019.