Un groupe désigné localement sous le nom d'Al-Shabab" ("les jeunes", en arabe) a lancé une sanglante insurrection en 2017 dans cette province à majorité musulmane, frontalière de la Tanzanie, avant de faire allégeance en 2019 au groupe Etat islamique (EI).
Les habitants sont "pris entre les forces de sécurité mozambicaines, la milice privée combattant aux côtés du gouvernement et le groupe d'opposition armé connu localement sous le nom d'Al-Shabab - dont aucun ne respecte le droit à la vie ni les règles de la guerre", a déclaré le chef régional d'Amnesty International Deprose Muchena.
"Tous les trois ont commis des crimes de guerre, causant la mort de centaines de civils", a-t-il affirmé.
Le conflit a fait au moins 2.600 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l'ONG ACLED. Les rebelles islamistes ont incendié de nombreux villages et pratiquent la décapitation à grand échelle pour terroriser la population. Amnesty les accuse également les jihadistes de s'être livrés à des profanations de cadavres.
Amnesty affirme s'être entretenu avec des dizaines de personnes déplacées dans le pays et avoir examiné des vidéos et des images, y compris des images satellite.
Contactés par l'AFP, des responsables du gouvernement ont refusé de commenter ces accusations et le ministre de l'Intérieur Amade Miquidade ne répondait pas mardi aux appels téléphoniques.
Les autorités ont précédemment démenti que leurs soldats ont commis des atrocités.
Le gouvernement, selon Amnesty, a fait appel à une société militaire privée sud-africaine, Dyck Advisory Group (DAG), après avoir "perdu un certain nombre de batailles" dans la région.
Selon l'ONG, des mercenaires ont tiré depuis des hélicoptères, notamment sur un hôpital en juin 2020 dans la ville portuaire de Mocimboa da Praia, et des écoles, et largué des grenades sans discernement sur des foules de personnes.
Le DAG n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces accusations.
Amnesty a déclaré avoir vérifié une vidéo montrant des troupes gouvernementales battant une femme nue à coups de bâton, tirant sur elle à 36 reprises avant d'abandonner son corps sur l'autoroute.
Les forces de sécurité sont accusées d'avoir bandé les yeux de plusieurs hommes avant de tirer sur eux à Quissanga avant de jeter leurs corps dans une fosse commune, selon la même source.
Après cette attaque, "les forces de sécurité gouvernementales ont emmené des femmes pour les violer dans une base voisine qu'elles avaient installée, où elles ont également détenu, battu et exécuté sommairement d'autres hommes", a déclaré Amnesty.