Face à la pression des populations suite à l’attaque d’Inata dans le Sahel qui a fait 57 morts le 14 novembre, le président burkinabè dans une seconde adresse à la nation le 25 novembre a annoncé une opération dite "mains propres".
"C’est une bonne initiative lancée par le président mais c’est dommage qu’elle arrive maintenant après tant de situations qui ont déçu les populations", a affirmé Bila Ouédraogo, à VOA Afrique.
"L’opération 'mains propres', ça devrait même être limpide. Pourquoi maintenant ? Ça veut dire qu’on a laissé passer des choses et maintenant on veut corriger", a indiqué Damata Ganou, une burkinabè.
Après son annonce, le président du Faso a reçu le contrôleur général d’Etat de l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) et le procureur du Faso. Cette opération est la bienvenue et elle n’intervient pas tardivement selon le contrôleur général d’Etat Luc Marius Ibriga dans des propos rapportés par l’agence d’information du Burkina.
"Aujourd’hui sanctionner la corruption, c’est poser un acte qui remette la société dans le bon sens. Et pour nous, il n’est jamais tard", a déclaré M. Ibriga.
Mais au Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), on ne croit pas à une telle opération.
"La question est de savoir si le chef de l’Etat lui-même est capable d’impulser une telle dynamique de changement. Les faits jusque-là nous montrent le contraire au regard de l’absence de résultats depuis son premier mandat même s’il a été réélu, le doute est permis. Son entourage immédiat est impliqué dans des dossiers de corruption, ce que nous lui avons dit déjà en 2018 en lui faisant des propositions en attendant ses promesses. Mais trois ans après, hélas, des dossiers restent non élucidés et lui-même semble impuissant face aux différents scandales qui éclaboussent le sommet de l’Etat", souligne Sagado Nacanabo, le secrétaire-exécutif du REN-LAC.
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Après le drame d’Inata, Roch Kaboré avait demandé l’ouverture d’une enquête administrative pour situer les responsabilités. Il a reçu la semaine dernière le rapport de l’enquête. Des sanctions disciplinaires et des poursuites judiciaires seront engagées, avait-il promis. Mais Roch Kaboré a rejeté ledit rapport qui serait vide de contenu. Selon le journal d’Etat Sidwaya lundi, il a renvoyé les enquêteurs de l’inspection générale des armées sur le terrain pour un délai supplémentaire de 10 jours.