L’Iranienne condamnée à la lapidation, forcée à passer aux aveux, affirme son avocat

Un jeune garçon signant une pétition contre la lapidation, devant des photos de l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, condamnée à ce supplice par le régime de Téhéran

L'avocat Houtan Kian a déclaré au Guardian que sa cliente avait été torturée pendant deux jours avant de passer aux aveux, qui auraient été enregistrés à la prison de Tabriz où elle est détenue.

L’avocat d'une Iranienne condamnée à mort par lapidation en Iran a affirmé au quotidien britannique The Guardian jeudi que les autorités iraniennes pourraient avoir forcé sa cliente à faire des aveux.

La télévision d’Etat iranienne a diffusé mercredi soir des images floues d’une femme couverte d’un voile noir, dont il était impossible de distinguer les traits. Cette personne a été identifiée comme étant Sakineh Mohammadi Ashtiani, une mère de deux enfants âgée de 43 ans, qui aurait affirmé avoir été impliquée dans le meurtre de son époux. Elle aurait également reconnu avoir commis une adultère, ce qu’elle avait jusqu’alors démenti.

L'avocat, Houtan Kian, a déclaré au Guardian que sa cliente avait été torturée pendant deux jours avant de donner cet entretien, qui aurait été enregistré à la prison de Tabriz où elle est détenue. Mme Ashtiani avait été condamnée à être lapidée à mort après avoir été jugée coupable d’avoir entretenu des rapports illicites avec deux hommes, suite à la mort de son époux. Ce qui avait suscité un tollé à travers le monde. Téhéran avait alors accepté de lui épargner ce supplice, disant qu’on pouvait opter plutôt pour la pendaison.

Les images diffusées par la télévision iranienne faisaient partie d’un documentaire visant à contrecarrer, selon Téhéran, la propagande des médias occidentaux et à ridiculiser les chaines de télévision occidentales qui ont pris la défense de Mme Ashtiani.

L'organisation de défense des droits humains, le Comité international contre la lapidation et les exécutions (CIAS), a condamné l’émission. Par ailleurs, Amnesty International (AI) s’interroge également sur cette confession, faisant valoir que de nombreux Iraniens qui avaient été forcés de passer aux aveux dans des circonstances similaires s’étaient rétractés par la suite, en accusant les autorités de leur avoir forcé la main.

En début de semaine, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a souligné que les États-Unis étaient troublés par le cas de Mme Ashtiani, et par des informations selon lesquelles un jeune Iranien accusé d’homosexualité risquait lui-aussi une exécution imminente.

« Nous restons préoccupés par le cas de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, qui a attiré l'attention internationale après le verdict la condamnant à mort par lapidation », a dit Mme Clinton, faisant valoir qu’aucune de ces deux affaires n'avaient été traitées avec la transparence et le droit à un procès équitable prévus par la constitution iranienne.