Faure Gnassingbé entame son 4e mandat sous le nuage du Covid-19

Faure Gnassingbé, prêtant serment à Lomé, le 3 mai 2020. (VOA/Kayi Lawson)

Ce 4 mai, Faure Gnassingbé a entamé son 4e mandat à la présidence togolaise. Réélu à l’issue de la présidentielle du 22 février dernier, avec plus de 70% des voix, le président du Togo a prêté serment dimanche devant la Cour constitutionnelle et une poignée d’invités, dans un contexte marqué par la pandémie du coronavirus.

C’est sur le livre de la constitution togolaise que le président élu a prêté serment. C’était lors d’une cérémonie sobre, où planait l’ombre du Covid-19, que Faure Gnassingbé a pris fonction pour un nouveau quinquennat, après 15 années passées à la tête du pays. La centaine d’invités, tous dissimulés derrière leurs masques, étaient assis en respectant la distanciation physique.

Le député de l’opposition, Gerry Taama, estime que la pandémie du coronavirus doit faire rebattre toutes les cartes pour le mandat 2020-2025.

"Cette prestation de serment se déroule pendant que la crise sanitaire est toujours là. De toutes les façons, il faudra revoir tout le programme de société. Quand le chef de l’État actuel faisait campagne, il n’y avait pas le coronavirus. L’état d’urgence sanitaire implique une nouvelle approche", a fait observer le président du Nouvel engagement togolais (NET).

Faure Gnassingbé, prêtant serment devant la cour constitutionnelle, à Lomé, le 3 mai 2020. (VOA/Kayi Lawson)

Relevant que le Togo court inéluctablement vers une récession économique, M. Taama rappelle ce qui doit conduire l’action gouvernementale sur les 5 prochaines années. "Nous sommes un pays en reconstruction et nous avons énormément de choses à consolider: la démocratie, l’état de droit, les institutions et surtout la relance économique", a-t-il indiqué.

Ce quinquennat s’ouvre sous le signe de la main tendue et de la promesse de partage des richesses du pays, rassure le premier ministre, Komi Sélom Klassou.

"La vision du président de la république, c’est de faire de sorte qu’aucun Togolais ne soit oublié, et que après cette crise sanitaire, nous puissions mutualiser nos efforts pour créer une richesse qui doit être redistribuée sur le plan social. Notamment au niveau de l’éducation, de la formation des jeunes, au niveau de la santé, de l’accès à l’eau potable et à l’énergie. Aujourd’hui, sans énergie, il n’y a pas de développement", a déclaré le chef du gouvernement togolais, à l’issue de la cérémonie de prestation de serment.

Après avoir donné acte à la prestation de serment de Faure Gnassingbé, le président de la Cour constitutionnelle a mis en garde contre toute contestation de sa légitimité.

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Quatrième mandat pour Faure Gnassingbé

"La Cour constitutionnelle vous a déclaré élu. Si d’aventure, par mégarde ou étourderie quelqu’un s’y oppose, la force doit rester à la loi", a prévenu le juge Aboudou Assouma. "Et la loi s’impose à tous, dans sa rigueur, quel que soit l’âge de son auteur. Même sur une civière, son auteur doit répondre de son acte devant la justice", a dit le président de la Cour constitutionnelle, en faisant allusion à l’archevêque émérite de Lomé, Monseigneur Philippe Kpodzro, âgé de 90 ans, farouche opposant du 4e mandat de Faure Gnassingbé.

Agbéyomé Kodjo, arrivé officiellement en deuxième position avec plus de 18% des voix, s’est autoproclamé président démocratiquement élu. Il est poursuivi pour avoir remis en cause la réélection de Faure Gnassingbé.

Agbéyomé Kodjo jouit d’une liberté conditionnelle avec injonction de ne pas faire de déclaration sur la présidentielle du 22 février dernier et de ne plus en réclamer la victoire.