Le changement climatique, une menace croissante à la production agricole

En Afrique, les femmes jouent un rôle primordial dans la production agricole

Cri d’alarme de plusieurs organisations internationales, suite à la publication du dernier rapport du Groupe Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Un rapport qui constate que le changement climatique affecte déjà la production agricole à travers le monde et pose une menace à la sécurité alimentaire.

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Ecoutez Michel Mordasini



Ce rapport, publié à l’occasion du récent Forum international de la Météo et du Climat à Paris, souligne que le réchauffement climatique entraînera des prix alimentaires plus élevés et qu'il sera plus difficile de nourrir la planète, alors même qu’elle devrait ajouter entre 2 à 3 milliards d’êtres humains d’ici à 2100.

Le problème de la sécurité alimentaire n’est pas un problème de l’avenir, mais déjà du présent, explique Michel Mordasini, vice- président du Fonds international de développement agricole (FIDA).

Dans une interview avec la Voix de l’Amérique (VOA), il a évoqué « des changements qui bouleversent le calendrier des semences, des moissons, et je dirais que cette dimension, pour le FIDA, elle nous est très présente ».

« Parce que nous travaillons au niveau des villages, avec les communautés rurales », a-t-il poursuivi, « notre accent est sur les petits producteurs agricoles, les pêcheurs, les forestiers, et ce que nous entendons sur le terrain, c’est effectivement des changements considérables dans le rythme des saisons, le caractère erratique des changements au niveau des températures, des pluies et tout ceci bien entendu a un impact considérable sur la production agricole ».

Le GIEC indique que les rendements globaux en Afrique et en Asie du Sud pourraient chuter de huit pour cent d'ici 2050 et les rendements des pêcheries tropicales pourraient diminuer de près de 40 %. Entre-temps, les besoins alimentaires devraient augmenter, les régimes évoluant dans les pays à revenus intermédiaire, et la population augmentant dans le monde en développement. La population du continent africain devrait doubler d’environ 1 à 2 milliards d’habitants d’ici à 205, rappelle le GIEC. La population du Nigeria seul pourrait bientôt atteindre 440 millions, dépassant celle des États-Unis.

Or, dans le monde en développement, la production agricole est assurée par quelques 500 millions de petites exploitations, qui à elles seules sont responsables de jusqu'à 80 % de la production alimentaire, rappelle M. Mordasini. D’où l’urgence d’investir rapidement dans des solutions pratiques pour renforcer leur résilience, explique le vice-président du FIDA.

Parmi les techniques évoquées pour aider les producteurs : des programmes d’assurance des récoltes ou du bétail – déjà en vigueur dans des pays tels que le Kenya. L’intégration d’arbres dans les cultures vivrières, pour empêcher la dégradation des sols et fixer l’azote. La lutte contre la désertification, la délocalisation des cultures vers des zones plus fraîches, ou encore, la mise à la disposition des agriculteurs de services de météorologie.