Si le conflit israélo-palestinien s'annonçait comme l'une des dominantes de la première visite de M. Guterres en Israël et dans les Territoires palestiniens jusqu'à mercredi, les dirigeants israéliens ont conforté les pessimistes quant aux chances d'une avancée prochaine en signalant que leurs priorités étaient ailleurs: dans les activités du Hezbollah dans le sud du Liban, et dans la présence iranienne en Syrie.
"Je rêve d'avoir la chance de voir un jour en Terre sainte deux Etats capables de vivre ensemble, dans une reconnaissance mutuelle, mais aussi dans la paix et la sécurité", a déclaré M. Guterres qui, entré en fonctions en janvier, faisait ses premiers pas sur le terrain d'un des plus vieux conflits de la planète.
Le secrétaire général de l'ONU a reconnu l'existence d'un "certain nombre d'obstacles". Il a cité la colonisation israélienne qui se poursuit en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée, alors que le gouvernement israélien, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, conteste que la colonisation soit pour quelque chose dans l'enlisement actuel.
Mais M. Guterres a aussi dit la nécessité de condamner "le terrorisme" et "les incitations à la haine", des griefs dont Israël accuse régulièrement les Palestiniens.
'Pas d'alternative'
Le diplomate portugais sera accueilli mardi par le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. Mercredi, il est annoncé dans la bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus gouvernée sans partage par le mouvement islamiste Hamas.
Il devrait prendre encore davantage la mesure de l'ornière dans laquelle se trouve l'effort de paix. Il a déjà dit par le passé qu'il ne voyait "pas d'alternative" à la solution dite à deux Etats, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien indépendant coexistant avec Israël.
M. Guterres est arrivé à Jérusalem quelques jours après une nouvelle mission américaine, de nouveau restée silencieuse sur la solution dite à deux Etats, malgré la frustration grandissante des dirigeants palestiniens.
Le Premier ministre israélien, lui, n'a donné aucun signe d'ouverture récemment.
Au côté de M. Guterres devant la presse lundi, Benjamin Netanyahu, n'a évoqué le conflit palestinien que de manière oblique pour dénoncer "l'obsession absurde" des Nations unies contre Israël.
"Le problème le plus urgent" auquel Israël fait face, c'est le Hezbollah et la présence iranienne en Syrie, a-t-il dit au moment où le Conseil de sécurité de l'ONU débat du renouvellement du mandat des Casques bleus déployés dans le sud du Liban pour garantir le respect du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah après la guerre de 2006.
'Camp retranché'
Le Hezbollah ne cesse de s'armer, disposant de 120.000 missiles, utilise à des fins militaires les écoles et les mosquées dans le sud du Liban face à Israël, stocke des armes dans les maisons, poursuit ses activités dans la zone à laquelle seule la Finul ou les forces gouvernementales libanaises devraient avoir accès, accuse Israël. La Finul ferme les yeux, y compris sur les trafics d'armes en provenance d'Iran à destination du Hezbollah, dit-il.
Quant à l'Iran, ennemi déclaré d'Israël et soutien du Hezbollah, il "est en train de transformer la Syrie en camp retranché", il construit des usines de production de missiles en Syrie et au Liban et entend se servir de ces deux pays "avec l'objectif déclaré d'éradiquer Israël", a affirmé M. Netanyahu.
"Le gouvernement libanais et les habitants du sud du Liban doivent savoir qu'Israël agira avec force en cas de conflit si des missiles sont tirés vers ses civils", a prévenu le ministre de la Défense Avigdor Lieberman lors de ses entretiens avec M. Guterres.
"Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que la Finul remplisse pleinement son mandat", a dit M. Guterres à M. Netanyahu.
Ce dernier a aussi dénoncé un parti pris anti-israélien de l'ONU et les "tactiques discriminatoires" employées à l'Unesco ou au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. M. Guterres a défendu "l'impartialité" de l'ONU, mais aussi son droit à critiquer les politiques israéliennes.
Avec AFP