"Le cinéma congolais est un cinéma qui est en train de se mettre en place, de renaitre. Il y a eu une période de creux. Mais actuellement il y a une réappropriation par les jeunes créateurs. Ils ont la volonté de raconter l’histoire de leur pays et d’ailleurs", déclare à VOA Afrique, Rufin Mbou Mikima, scénariste, et producteur et coréalisateur qui a à son une dizaine de films, de fictions ou de documentaires.
Pourtant, l’industrie cinématographique manque d’infrastructures adéquates à Brazzaville. Il n’y a pratiquement pas de canal de distribution et de commercialisation des films. Les salles de cinéma qui, jadis, servaient à promouvoir les films ont été fermés ou reconverties en lieux de cultes des églises de réveil.
Le cinéaste Rufin Mbou Mikima dénonce l’indifférence des autorités envers le septième art. "Les cinéastes ne bénéficient d’aucune reconnaissance au niveau de l’Etat. Il n’y a pas d’aide à la production. Il n’y a pas de lieu de diffusion du cinéma ni de moyens de formation. Ce sont les cinéastes eux-mêmes qui construisent le cinéma", se plaint Rufin Mbou Mikima sur VOA Afrique.
Des films congolais à l’honneur dans des festivals internationaux
Mus par la passion et la détermination, les cinéastes congolais font de leur mieux pour représenter le cinéma local lors des grands rendez-vous cinématographiques en Afrique et ailleurs.
En 2015, par exemple, Entre le marteau et l’enclume de Glad Amog Lemra a été selectionnee dans plusieurs festivals internationaux dont le festival international du Film Panafricain de Cannes (où il a reçu la mention du jury), l’International of Detective film de Moscou (où il a reçu le Prix d’encouragement) ou le Quintessences Festival International du Film de Ouidah au Benin (où il a reçu le prix du meilleur film).
Les Boulistes, une série humoristique et Zut, un court métrage, de Nadège Batou et Amour Sauveur avaient, par exemple, pu être officiellement sélectionnés lors de la 3ème édition du Festival international du film de Rotterdam aux Pays-Bas en 2011.
Pour Rufin Mbou Mikima, la présence de ces films à ces réunions culturelles est le signe de la reconnaissance du cinéma de son pays. "C’est une motivation supplémentaire pour les cinéastes congolais. A mon sens, on commence à parler du cinéma d’un pays quand il commence à s’exporter et lorsqu’on commence à le reconnaitre ailleurs », déclare-t-il à VOA Afrique. Malheureusement, "Il y a très peu de cinéastes congolais qui parviennent à exporter leurs films", déplore-t-il. Mais il ne désespère pas.
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Nonobstant les embuches, les cinéastes et les opérateurs culturels ne désespèrent pas. Ils organisent des festivals à Brazzaville et Pointe-Noire, qui servent d’outils de promotion aux cinéastes. Ils y présentent leurs productions auxquelles le public à accès.
De Rufin Mbou Mikima à Alain Nkodia, Valere Youlou Mingoley, Camille Mouyeke, David Mahoungou et Rihi Mbebele, en passant par Annette Kouamba Matondo, Claudia Haidara Yoka, Bruno Tsamba, Deborah Bassa, Aime Nkounkou, Albe Diaho, Therese Batalamio, Roch William Ondongo, Bernard Mbounda, Julio Nzambi ou Charles Nouma, la liste des hommes et des femmes qui, en qualité d’acteurs, de scénaristes ou de réalisateurs, se donnent corps et âme pour perpétuer et enrichir le cinéma congolais est longue et loin d’être exhaustive.
En tout cas, il est loin de s’éteindre l’héritage d’Alain Leandre Baker qui a joué dans une séquence de Médecins de nuit, de Pascal Nzonzi qui a eu un rôle dans Le Professionnel aux cotes de Jean-Paul Belmondo et aussi dans Black Mic Mac, de Sebastien Kamba, le réalisateur de La Rançon d’une alliance, et de David-Pierre Fila réalisateur du documentaire Le Dernier des Babingas et Tala-Tala et du film Matanga.