Brazzaville n'arrive toujours pas à conclure avec le FMI

Brazzaville en attente d’un accord avec le FMI, 15 août 2018. (VOA/ Arsène Severin)

Le Congo-Brazzaville fête son 58e anniversaire d'indépendance, mais le pays traverse une grave crise financière. Malgré les efforts du gouvernement, aucun accord n'a pu être signé avec le FMI, l'institution financière internationale continue d'exiger aux autorités des mesures audacieuses.

Toujours pas d'accord avec le FMI. Le dernier rendez-vous du Congo avec l'institution financière a été annulé pour la sixième fois. Certains pensent que le mal se trouve côté congolais.

"Nous espérons parvenir à un accord qui contribuera sensiblement à améliorer la situation de nos finances publiques", a affirmé son président Denis Sassou Nguesso dans son message à la nation diffusé à la veille du 58e anniversaire de l'indépendance de la France.

Assen Bozire, économiste et membre de l’ITIE à Brazzaville, Congo, 14 août 2018. (VOA/Arsène Severin)

"Le FMI voudra être convaincu que les engagements pris par le gouvernement seront tenus. On attendait que le Congo fasse de vraies réformes sur la SNPC. Les mêmes dirigeants qui sont à l'origine du chaos, à l'exception de Denis Christel Sassou Nguesso qui a sauté, sont toujours là. Au niveau du portefeuille public, toutes les entreprises sont en faillite, quelles sont les mesures prises ? Il n’y a rien. Sur le train de vie de l'Etat, jusqu'aujourd'hui, le gouvernement est budgétivore, le gouvernement est pléthorique", commente l'économiste Assen Bozire, membre de l'ITIE.

La situation est intenable pour la population, notamment les boursiers et les retraités dont les pensions ne sont plus payées. Clément Mierassa, statisticien et ancien ministre du Commerce, évoque sa situation de retraité et décrit celle du pays.

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"Seize mois ! Posons-nous la question de savoir comment les retraités font pour vivre. Il ne faut pas que le gouvernement soit insensible à cette question, il faut qu'il se la pose. Les gens souffrent, parce qu'un certain nombre de nos compatriotes ont plongé le pays dans ce chaos ", se plaint M. Mierassa.

Clément Mierassa, économiste et fonctionnaire à la retraite à Brazzaville, Congo, 14 août 2018. (VOA/Arsène Severin)

Récemment, le ministre des Finances, Calixte Nganongo s'est inquiété de ce que les prévisions de 1.600 milliards de FCFA ne seraient pas atteintes, faute d'importante mobilisation des recettes publiques.

Mais au PCT, le parti présidentiel, on estime que le FMI est une démarche salvatrice.

"Nous aurions voulu conclure cet accord très rapidement, mais cela est au regard du mal. Au niveau du Parti congolais du travail, nous soutenons la démarche du gouvernement et du camarade-président à conclure un accord avec le FMI", affirme le porte-parole Serge Michel Odzoki.

En attendant de conclure avec le FMI, le gouvernement imagine d'autres solutions.

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Augustin Benazo, analyste économique, appelle à des mesures plus concrètes pour surmonter la crise à Brazzaville, Congo, 14 août 2018. (VOA/Arsène Severin)

Un Plan national de développement dont la réalisation exige plus de 15.000 milliards de FCFA en cinq ans vient d'être adopté.

"Où trouvera-t-on cet argent ? Aujourd'hui, les Congolais veulent de l'argent à court terme, le PND c'est pour les 5 ans à venir. Les Congolais sont obligés de se débrouiller pour survivre en vendant dans les coins de rue", déclare Augustin Benazo, analyste économique.

Alors que ses voisins le Gabon, le Tchad, le Cameroun et la RCA ont conclu avec le FMI, le Congo attend fiévreusement son septième rendez-vous avec le Fonds.