Le contrôle des prix va s’intensifier au Cameroun à l’approche des fêtes de fin d’année

Le marché de Nsam à Yaoundé, le 25 Novembre 2024 (Emmanuel Jules Ntap / VOA)

Des équipes du ministère camerounais du Commerce sillonnent les marchés et quartiers pour veiller à la pratique du juste prix. Au total, sept filières de grande consommation font l’objet d’une surveillance des prix et de la disponibilité des produits.

Au Cameroun, les autorités, les responsables de sept filières de grande consommation et les associations de consommateurs sont en alerte pour juguler la flambée des prix et la pénurie des produits alimentaires à la veille des fêtes de fin d’année. L’augmentation unilatérale, depuis quelques jours, des prix de la bière dans les débits de boisson fait grincer les dents, s'ajoutant au coût élevé du poulet sur le marché.

Au marché de Nsam, dans le 3ème arrondissement de Yaoundé, Michèle vient d’acheter un poulet de moins de 3 kilogrammes et demi à un prix qu’elle juge très élevé pour une famille de 5 personnes.

« J’ai pu acheter, mais les prix sont tellement élevés, je ne pense pas qu’on va s’en sortir. Je suis venu avec 2500 FCFA, mais je me rends compte que pour acheter un bon poulet, il faut avoir au moins 3500 FCFA et plus ; ça veut dire que les prix augmentent de jour en jour », affirme-t-elle.

Des prix élevés qui ne font pas non plus l'affaire des vendeuses, comme Asta qui, depuis six heures sur la place du marché, peine à écouler ses poulets.

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« On me vend le poussin à 650 FCFA, il faut acheter le maïs pour le nourrir, actuellement ça coûte cher et il y a pénurie du maïs au Nord. La provende coûte 21 000 FCFA, après avoir dépensé ainsi, je ne peux pas vendre le poulet moins cher, c’est pourquoi les clients trouvent que c’est cher », tente d’expliquer Asta au sujet de cette flambée du prix du poulet.

L’interprofession avicole a alerté le gouvernement sur la pénurie du maïs depuis le 15 juillet dernier. Le maïs produit localement entre à 50% dans la nutrition de la volaille. Au cours d’une concertation avec le ministre du Commerce, l’interprofession avicole a fait savoir que la filière se porte mal.

« Du pic de 2016 de 71 millions de tête de poulets qui équivalaient à peu près à 44 mille tonnes de viande de poulets, aujourd’hui nous en sommes pratiquement à la moitié, ça veut dire que nous avons perdu en capacité de production. [...] En 2016, nous produisions 900 .000 poussins par semaine, aujourd’hui nous en sommes loin, à peu près 400.000 par semaine » a indiqué Jean Marie Kemegne, secrétaire permanent de l’interprofession avicole.

Si les prix d’autres produits de grande consommation flambent, les fêtes de fin d’année pourraient être difficiles pour de nombreux Camerounais. Prince Mpondo, président de la Coalition des consommateurs camerounais, tire la sonnette d’alarme, avertissant : « si nous ne mettons pas sur pied des politiques incisives de production pour booster la production locale nous allons nous retrouver dans une situation d’insécurité alimentaire dans notre pays. »

« Le gouvernement doit également mettre sur pied des équipes de contrôle pour s’assurer que le produit est disponible, qu'il est de qualité et qu’il est accessible en termes de prix ; et les opérateurs économiques doivent faire preuve de patriotisme », suggère Prince Mpondo, président de la Coalition des consommateurs camerounais.

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Le gouvernement a prescrit la stabilité des prix aux acteurs de 7 filières de produits de grande consommation et annoncé des mesures préventives contre les spéculations à l’approche des fêtes de fin d’année.

« Ça s’est toujours bien passé et 2O24 ne saurait faire exception, il n’y a pas de raison que ça se passe autrement. Nous avons une obligation, un devoir vis-à-vis de nos compatriotes en nous engageant dans nos secteurs respectifs, c’est parce ce que vous vous êtes sentis investis du service public, même dans le commerce vous faites le service public, car il est question de rassurer nos populations », a déclaré Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce.

Reste qu’une cacophonie persiste dans la filière brassicole, les prix des bières ayant connu une hausse de 50 francs CFA sans l’aval du ministère du Commerce. Les tenants des débits de boissons pointent un doigt accusateur sur la multinationale Boissons du Cameroun.

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