Depuis la fin de la semaine passée, la péninsule a connu une explosion des cas, devenant le premier pays en Europe par le nombre d'individus ayant été testés positivement au Covid-19. Mardi, le bilan s'élevait à 283 cas, dont sept décès, la grande majorité étant recensés en Lombardie, la région de la capitale économique du pays, Milan.
Face à l'épidémie, les Italiens se sont rués sur les masques de protection et les gels désinfectants, provoquant une pénurie dans les pharmacies et de nombreux supermarchés du Nord du pays.
Les escrocs ou petits malins n'ont pas tardé à chercher à en tirer profit.
Lire aussi : Le nouveau coronavirus poursuit ses ravages, le monde "pas prêt à y faire face"Mardi matin, un internaute proposait ainsi un flacon d'un litre de la solution antibactérienne "Amuchina" pour... 300 euros sur le site de vente en ligne Ebay. Pour un désinfectant pour bébé, Neo baby, il fallait débourser pas moins de 240 euros.
Le phénomène est tel qu'il a déclenché des blagues et photos humoristiques sur les réseaux sociaux: "Echange Amuchina 5 litres contre Audi R5S 2019. Convient également Audi RS5 de 2016, plus 65.000 euros" ou cet échange imaginé entre un dealer et un acheteur: "Tu veux quoi: haschisch ou cocaïne?" "Du gel Amuchina".
Mais la hausse "à des niveaux astronomiques" des prix de ces produits hygiénico-sanitaires ne fait en revanche pas rire les associations de défense des consommateurs, comme la Codacons.
Outre l'Amuchina (+650% pour le flacon de 80 ml vendu à 22,50 euros au lieu de 3 euros habituellement), la Codacons fait état d'un bond de 1.700% du prix des masques, commercialisés désormais en ligne autour de 1,80 euro, contre 10 centimes avant "la psychose". Elle mentionne même un lot de cinq masques avec valve présentés sur Amazon comme "idéaux pour le coronavirus" et vendu 189 euros.
- "Charlatans" -
"Il s'agit d'une spéculation honteuse visant à tirer profit de la peur des gens", a dénoncé la Codacons, qui a porté plainte auprès du parquet de Rome et de la police financière, en demandant la fermeture des pages incriminées.
"Si les géants du commerce en ligne ne retirent pas automatiquement les pages où se font ces spéculations, ils se rendent complices de cette escroquerie", a-t-elle mis en garde.
Lire aussi : Coronavirus: Le président chinois Xi Jinping promet aide et matériel à l'AfriqueLe parquet de Milan s'est de son côté auto-saisi: il a ouvert lundi une enquête contre X pour "manoeuvre spéculative", en chargeant la police de vérifier les sites en ligne mais aussi les commerces et entrepôts, pour contrôler s'il n'y a pas de produits cachés pour favoriser une spéculation.
"Nous sommes en train d'évaluer l'hypothèse d'adopter des normes pour contenir le prix des désinfectants et masques pour empêcher des hausses non justifiées", a annoncé de son côté mardi la vice-ministre de l'Economie, Laura Castelli.
Autre phénomène: des voleurs se font passer pour des volontaires de la Croix Rouge, des services de santé ou de la Protection civile effectuant des tests à domicile pour vérifier une éventuelle contamination. L'objectif: pendant que l'un effectue le soi-disant examen, l'autre dérobe argent ou bijoux.
La Croix Rouge et la Protection civile ont fait savoir qu'ils n'effectuaient aucun porte-à-porte, appelant les Italiens à être "prudents" et à alerter les forces de l'ordre en cas de visite de ce type.
Il y a aussi ceux qui proposent des remèdes soi-disant miracles.
"Certains produits homéopathiques ou de naturopathie sont proposés sur internet en prétendant pouvoir empêcher l'infection par le coronavirus ou pour en guérir", explique à l'AFP Pier Luigi Lopalco, professeur d'hygiène et de médecine préventive à l'Université de Pise.
"Ces produits n'ont aucune efficacité clinique" et ceux qui les proposent sont clairement "des charlatans", met-il en garde.