STRASBOURG (Reuters) - Denis Mukwege, gynécologue de République démocratique du Congo et prix Sakharov 2014 du Parlement européen, a appelé mercredi l’Union européenne à s’impliquer davantage pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans son pays.
Ce chirurgien de 59 ans a fondé en 1998 l’hôpital de Panzi, dans la région du sud Kivu, pour venir en aide aux femmes et aux jeunes filles victimes de viols pendant et après le conflit qui a ravagé pendant vingt ans la République démocratique du Congo.
Plus d’un demi-million de femmes ont été violées au Congo depuis le début de ce conflit et 40.000 soignées dans l’hôpital de Denis Mukwege.
"Ce prix n’aura de signification pour les femmes victimes de violences sexuelles que si vous nous accompagnez sur le chemin de la paix, de la justice et de la démocratie", a-t-il déclaré avant de recevoir à Strasbourg le prix Sakharov "pour la liberté de l’esprit", doté de 50.000 euros.
Il a appelé l’Union européenne et ses Etats membres à "revitaliser" l’accord d’Addis-Abeba signé en février 2013 sous l’égide de l’Onu pour mettre fin aux combats opposant dans l’est du pays l’armée gouvernementale et des groupes rebelles disposant de soutiens extérieurs.
"La région où je vis est une des plus riches de la planète, pourtant l’écrasante majorité de ses habitants vivent dans la plus extrême pauvreté liée à l’insécurité et à la mauvaise gouvernance", a ajouté le médecin.
Alors que l’exploitation des richesses du sous-sol constituent l’un des motifs de l’état de guerre, il a demandé que le projet de règlement européen sur l’approvisionnement responsable, qui sera bientôt examiné par le Parlement, intègre "une dimension contraignante" et concerne "tant les produits finis que les matériaux bruts".