Le FBI forme les gendarmes aux techniques d'interrogatoire à Brazzaville

L'ambassadeur des Etats Unis à Brazzaville, Todd Haskel, félicite un gendarme à la fin de la formation, à Brazzaville, le 6 septembre 2019. (VOA/Arsène Séverin)

Le FBI vient de former les policiers et les gendarmes du Congo-Brazzaville aux techniques d'interrogatoire qui respectent les droits des personnes. La police fédérale des Etats-Unis aide les agents congolais à mener notamment des auditions de personnes accusées traites d'êtres humains.

De nombreux Congolais se plaignent de la pratique de la torture par les agents de sécurité lors des arrestations, ou pour obtenir des aveux pendant la garde à vue.

"J'ai été torturé physiquement. Nous étions tranquillement en discussion avec des collègues au domicile de Mr. Clément Mierassa à Moungali lorsqu'un groupe de policiers est venu nous lancer des bombes lacrymogènes. J'ai été fauché et je suis tombé par terre", témoigne Eric Mampouya, un opposant au régime de Brazzaville.

Il ajoute : "J'ai reçu des coups de poing, des coups de matraque et, manu militari, on m'a jeté dans un véhicule BJ de la police. Nous étions onze, et nous avons été transportés à la DGST, sans que nous ayons fait quelque chose".

Ces témoignages de mauvais traitements sont récurrents. Et pour y mettre fin, les autorités envoient les officiers en formation.

Lieutenant de la gendarmerie Paul Sisca Diamesso, l'une des bénéficiaires de la formation avec le FBI, à Brazzaville, le 6 septembre 2019. (VOA/Arsène Séverin)

Cette fois-ci, c'est le FBI qui s'est chargé de former une trentaine de policiers et gendarmes à la technique d'interrogatoire. Le lieutenant Paul Sisca Diamesso témoigne de nouvelles notions acquises.

"Chez nous, on ne doit pas être agressif. Eviter la torture, en tout cas pas de torture, ramener la personne à la raison en lui faisant croire que si elle collaborait, la gendarmerie ferait en sorte que sa sentence soit réduite", affirme l'officier de gendarmerie.

Lieutenant Aïgon Ndoudi satisfait de nouvelles techniques d'interrogatoire apprises auprès du FBI Brazzaville, le 6 septembre 2019. (VOA/Arsène Séverin)

De même, le lieutenant de police Aïgon Ndoudi a retenu de bons moments de cette formation avec le FBI. "Cela a été un moment d'échange en terme d'outils techniques et tactiques, qui nous permettront de bien mener nos auditions et nos interrogatoires", témoigne-t-il.

La formation que les agents de FBI viennent de dispenser à Brazzaville vise avant tout les interrogatoires de personnes impliquées dans le trafic des êtres humains. Todd Haskell, l’ambassadeur des Etats-Unis à Brazzaville, indique que cette affaire est élevée en priorité dans son pays.

"Le président Donald Trump avait déclaré en février dernier que la lutte contre la traite des humains est l'une de nos grandes priorités", rappelle le diplomate américain.

Pour le Commandant de la gendarmerie congolaise, Paul Victor Moigny, il faut désormais que les interrogatoires tiennent compte du respect de la personne humaine.

"La République du Congo qui condamne fermement cette forme moderne d'esclavagisme pourrait désormais, en sus des dispositions existantes, s'appuyer sur cette nouvelle expertise mise à sa disposition par le FBI", dit-il, avant de s'adresser à sa troupe en ces termes : "Fort de cela, j'ai hâte de vous voir dès maintenant à l'œuvre, à la recherche de la manifestation de la vérité, sans jamais marcher sur la dignité de ceux que vous interrogez".

Les Brazzavillois restent impatients de voir la police et la gendarmerie humaniser les conditions d'arrestation et de détention, ainsi que les méthodes d'obtention des aveux.