Le Festival du cirque d'Abidjan revient avec une nouvelle ambition

Un funambule marche sur un fil à 30 mètres du sol, lors de la première édition du Festival du cirque d'Abidjan, Côte d'Ivoire, le 15 février 2018.

Le festival, qui accueille sur cinq jours 48 artistes de sept compagnies, vise la création d'une école de formation au cirque pour les jeunes talents africains.

Fortes du succès de la première édition en 2018, les Rencontres interculturelles du cirque d'Abidjan (RICA) reviennent avec une nouvelle ambition, la création d'une école de formation au cirque pour les jeunes talents africains.

Ce festival à visée culturelle et sociale accueille sur cinq jours, de mercredi à dimanche, 48 artistes de sept compagnies originaires du Japon, de France, du Maroc, d'Afrique du Sud et d'Ethiopie, avec un invité de prestige, le Cirque du Soleil, du Canada.

"On est partis d'un festival entre amis et finalement on a eu 10.000 spectateurs l'an dernier", raconte à l'AFP la fondatrice des RICA Chantal Djedje. "Ce succès et l'enthousiasme des artistes et de l'équipe nous ont encouragés à monter cette deuxième édition", dotée d'un budget plus important et qui présentera deux fois plus de spectacles, principalement à l'Institut Français.

Le festival conserve sa dimension sociale: les circassiens (artistes de cirque) se produiront dans des écoles et un centre social pour initier des enfants. Un grand spectacle à prix réduit avec toutes les compagnies sera présenté samedi au Palais de la Culture de Treichville, la plus grande salle de spectacle populaire d'Abidjan.

Les funambules de la troupe française Ca Slack Houle Douce présenteront un numéro d'équilibriste à Abobo, une des grandes communes populaires de la capitale économique ivoirienne.

Nouveauté également, pour la soirée d'ouverture, une compétition panafricaine rassemblant des artistes du continent (Mozambique, Ouganda, Bénin, Sénégal, Côte d'Ivoire), diffusée à la télévision, "pour encourager la création de nouvelles troupes de cirque", selon Mme Djedje.

La plupart des jeunes qui vont se produire étaient "déscolarisés" et ont appris le cirque "dans la rue", précise-t-elle.

La portée sociale est en effet une partie intégrante, et essentielle, des RICA, qui ambitionnent de créer d'ici à 2020 un Centre de formation des arts du cirque à Abidjan, ouvert à des jeunes de toute l'Afrique de l'Ouest.

'Un super beau projet!'

"Nous voulons accueillir une cinquantaine de jeunes et leur enseigner toutes les disciplines du cirque : la danse, le théâtre, la musique, le chant, l'entraînement sportif... mais aussi les métiers techniques (son, lumière, image...) et l'administration d'une compagnie", explique Mme Djedje.

"Beaucoup de jeunes veulent partir à l'étranger faute de formations ici. Les formations du centre leur ouvriront des portes", espère-t-elle.

Ce projet de centre de formation a séduit le Cirque du Soleil, mastodonte mondial qui compte 4500 employés dont 1500 circassiens, et qui présente en permanence 25 spectacles sur toute la planète. Trois de ses artistes se produiront en "guest star" pour la soirée d'ouverture des RICA. La compagnie pourrait apporter son expertise et son soutien au centre.

"Cette idée de créer un centre de formation répond à un grand besoin parce qu'il y a beaucoup de talents en Afrique mais il n'y a pas de formation, c'est un super beau projet! On est venu pour évaluer s'il y a des conditions gagnantes pour créer un partenariat, et on aimerait beaucoup soutenir cette école, à condition que ce soit durable dans le temps", explique Emmanuel Bochud, chef des affaires publiques et des relations dans les communautés du Cirque du Soleil.

Créé en 1984, "le Cirque du Soleil est un cirque citoyen. Dès qu'on a commencé de faire des profits, on a décidé de redonner dans les communautés à travers différents programmes, entre autres le programme Cirques du monde", rappelle-t-il.

En Afrique, "les jeunes en veulent, ils sont forts, ils ont une identité culturelle. Le cirque africain va avoir sa propre saveur, sa propre couleur, sa propre identité, pour être unique au monde", se réjouit M. Bochud, et "on est heureux" que les RICA "nous offrent un beau partenariat pour venir aider le développement du cirque africain".