La Cour doit interpréter la Constitution pour définir les modalités pratiques de la transition. Elle devrait rendre sa décision "dans les plus brefs délais", selon deux sources.
"Respect strict de la Constitution"
Selon la Constitution de 2018, en cas de vacance de poste définitive de la présidence, l’intérim est censé être assuré par le président de l’Assemblée nationale, un poste actuellement occupé par Pascal Nyabenda. Cependant, le pays se trouve dans une situation inhabituelle, car un président nouvellement élu, Evariste Ndayishimiye, attend d'être assermenté en août.
Selon un conseiller présidentiel, le gouvernement semble pencher pour une prestation de serment rapide du président élu, mais les choses changent car après d'intenses discussions, ils pourraient finalement opter pour le strict respect de la constitution, selon un conseiller présidentiel.
Une source ministérielle a indiqué à l'Agence France Presse sous couvert d'anonymat que la voie à suivre sera finalement décidée par un "comité de crise" répondant au cabinet du président.
Lire aussi : Stupeur et inquiétude après la mort du président NkurunzizaAu-delà des textes, il se pourrait que la décision soit prise par les généraux issus de l'ancienne rébellion hutu lors de la guerre civile (300.000 morts entre 1993 et 2006), qui partageaient la réalité du pouvoir avec l'ex-président Nkurunziza.
Ces généraux penchaient initialement pour accélérer l'investiture du président élu sans passer par la case intérim, a expliqué à l’AFP un haut cadre du parti au pouvoir.
Ce serait "légitime et pas du tout choquant, et surtout ça peut éviter au général Ndayishimiye cette longue période d'incertitude et d'immobilisme synonyme de tous les dangers", a estimé un diplomate sous couvert d’anonymat.
Mais influencés par des juristes, les généraux seraient en passe de changer d'avis. "Après d'intenses discussions, ils pourraient finalement opter pour le respect strict de la Constitution, avec un intérim dirigé par le président de l'Assemblée", a assuré le même conseiller à la présidence, sans exclure non plus la possibilité d'un intérim raccourci.
Lire aussi : Le président burundais Pierre Nkurunziza est mort des suites d'un arrêt cardiaqueM. Nyabenda aurait été le premier choix de M. Nkurunziza pour lui succéder. Mais le groupe de généraux a eu gain de cause en imposant l'homme de son choix, Evariste Ndayishimiye.
La mort de Pierre Nkurunziza, un chrétien évangélique "born again" qui considérait son pouvoir d'essence divine, a provoqué un immense choc au Burundi.
M. Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans, devait achever son mandat le 20 août et passer le témoin au général Evariste Ndayishimiye, son dauphin désigné par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et vainqueur proclamé de la présidentielle du 20 mai, en dépit des accusations de fraudes massives lancées par son principal rival.
Mais sa mort a ouvert une période d'incertitude pour son pays, dont l'histoire est marquée par des crises politiques meurtrières et une longue guerre civile, et qui pourrait être soumis à des luttes d'influence déstabilisatrices.
- La rumeur Covid -
Il laisse pourtant derrière lui un "héritage sombre et triste", selon Carina Tertsakian, de l'Initiative pour les droits humains au Burundi.
Sa candidature à un troisième mandat très controversé en avril 2015 a débouché sur une crise politique qui a fait plus de 1.200 morts et conduit 400.000 Burundais, dont de nombreux opposants, militants des droits de l'Homme et journalistes indépendants, à l'exil.
Lire aussi : L'opposition burundaise saisit la Cour constitutionnelleSous le règne de celui qui avait été élevé au rang de "Visionnaire" et de "Guide suprême du patriotisme", deux termes symbolisant son rôle central dans le système mis en place par le CNDD-FDD, la population s'est également encore appauvrie.
Des sources diplomatiques ont indiqué à l'AFP que la disparition de M. Nkurunziza, dont le poids politique était sans équivalent, pourrait permettre au général Ndayishimiye, qui ne fait pas partie des durs du régime, d'avoir les coudées plus franches.
Alors que les 11 millions de Burundais ont commencé un deuil national d'une semaine, de nombreuses rumeurs sur les réseaux sociaux ont suggéré que la mort de M. Nkurunziza aurait été provoquée par la maladie Covid-19.
D'autres parlent d'un empoisonnement.
Son épouse, Denise Bucumi, a regagné Bujumbura mardi soir depuis Nairobi, où elle était hospitalisée depuis fin mai après avoir été contaminée par le nouveau coronavirus.
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