Après l'inauguration jeudi soir par des officiels dont le ministre de la Culture Aliou Sow, quelques clients se sont présentés dès vendredi matin pour les premières séances dans le quartier dense et hétérogène de Mermoz-Sacré-Cœur, où coexistent habitat populaire, luxueuses villas, grandes enseignes et sièges de grosses entreprises.
Lire aussi : Le prochain James Bond sera au service de sa majesté "le Roi"Ismael Haj Hamou et sa fille de 6 ans Assya, venus voir "Pil", un film d'animation français, semblent avoir étrenné le cinéma et n'ont pas eu à le regretter. "On est très content. Et on est encore plus content parce qu’on est les premiers clients: on a eu déjà l’entrée gratuite, une gourde et un tee-shirt, et le popcorn", s'est réjoui Ismael Haj Hamou.
Avec sept salles pour 1.394 fauteuils, le complexe, considéré comme faisant partie des plus grands d'Afrique de l'Ouest, fait plus que doubler l'offre de salles dans cette métropole à l'expansion galopante, où s'entremêlent habitudes de vie traditionnelles et modernes. Les cinémas y avaient pour ainsi dire tous fermé dans les années 2000, sous l'effet du désengagement de l'Etat, et de la concurrence du DVD.
Moustapha Samb, directeur du multiplexe, dénombre à présent une douzaine de salles (dont les sept de Pathé) dans la capitale. "On (les acteurs du secteur) était tous d’accord qu’il fallait redynamiser le cinéma à Dakar. On commence à avoir une base", dit-il à l'AFP.
Les travaux ont commencé en 2019 pour une inauguration initialement prévue en 2020, mais retardée par la pandémie de Covid-19, puis par les tensions internationales qui ont ralenti l'acheminement des équipements, explique-t-il.
Pathé a fait peu de battage autour de l'ouverture, non par crainte de réactions défavorables, culturelles par exemple, mais pour éviter "un rush dès le début", avec des personnels qui doivent encore "se faire la main", dit-il.
Le complexe proposait vendredi une programmation extra-continentale ("Pil", "la Femme roi", "Smile", "Dragon Ball Super"...), mais Moustapha Samb a assuré qu'une place serait faite à la production africaine.
Le cinéma sénégalais passe pour un des plus anciens et des plus dynamiques d'Afrique, mais a décliné après l'âge d'or des années 1960 à 1980. La production s'est reprise ces dernières années. Les séries TV sont, elles, en plein essor.