"Nous l'avons récupérée pour un dollar symbolique", a dit à l'AFP Otmane Bennani Smires, le directeur juridique du groupe public marocain.
L'Afrique du Sud avait arraisonné le 1er mai 2017 un cargo parti de Laâyoune, au Sahara occidental, alors qu'il faisait escale à Port-Elizabeth (sud-est) en route pour la Nouvelle-Zélande.
Les indépendantistes sahraouis du Front Polisario avaient au préalable porté plainte devant un juge local contre ce transport, illégal selon eux, et obtenu la saisie de la cargaison du Cherry Blossom, navire de 190 m de long battant pavillon des îles Marshall.
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Un tribunal sud-africain a ordonné en mars la vente aux enchères du phosphate transporté, décision considérée par l'OCP comme un "acte de piraterie politique".
Selon le directeur juridique de l'OCP, "aucun acheteur n'a légitimé la vente, ni le titre que la cour a octroyé au Polisario".
Le capitaine du port de Port Elizabeth, Brynn Adamson, a confirmé mardi à l'AFP que "le cargo avait quitté le port hier (lundi)".
"Le cargo a été autorisé à partir car tous les papiers étaient en ordre", a ajouté a ajouté un porte-parole de la société Rennies, chargée du fret à Port Elizabeth.
La vente judiciaire de 55.000 tonnes de phosphate s’est "soldée par un échec", s'est encore félicité l'OCP dans un communiqué, en dénonçant à nouveau la saisie comme une "grave entorse aux principes élémentaires du droit menaçant la liberté du commerce international".
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"L’armateur s’est porté acquéreur de la cargaison en s’acquittant des seuls frais de l’adjudicateur judiciaire et l’a restitué à son propriétaire" Phosboucraa", dont le site se trouve au Sahara occidental, le tout pour un dollar symbolique, a ajouté le groupe.
La société britannique de transports maritimes Furness Withy, basée à Londres, a affirmé à l'AFP avoir acheté la cargaison de phosphate fin avril pour un montant de 79.000 dollars (66.000 euros). Elle a refusé de commenter les informations d'OCP.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental est le dernier territoire africain dont le statut colonial n'a pas été réglé.
Il est majoritairement contrôlé par le Maroc, qui propose une autonomie sous sa souveraineté. Soutenu par Alger, le Polisario réclame un référendum d'autodétermination, prévu au moment du cessez-le-feu de 1991 mais qui n'a jamais pu être organisé.
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Ces derniers mois, le Polisario a engagé plusieurs actions judiciaires pour bloquer l'exportation des ressources locales du Sahara occidental.
Dans un communiqué, le Polisario a indiqué mardi qu'il comptait entreprendre des actions similaires dans d'autres pays que l'Afrique du Sud "contre des entreprises qui achètent du phosphate sahraoui".
Interrogé par l'AFP, Mhamed Khadad, haut responsable du Front Polisario, a estimé que cette affaire était "une mise en garde contre tous ceux qui participent au pillage des ressources sahraouies".
"C'est une victoire politique et juridique", a-t-il jugé.
L'exploitation des phosphates et de ses dérivés, notamment les engrais, est un secteur clé de l'économie marocaine -près du quart des exportations du pays-, selon des chiffres officiels.
L'OCP a réalisé en 2017 un chiffre d'affaire de à 48,5 milliards de dirhams (environ 4 milliards d'euros), en hausse de 14% comparé à 2016. Sa principale unité de production se trouve à Khouribga, dans le centre du royaume.
Avec AFP