Initialement prévu le 7 novembre, le second tour avait été suspendu in extremis par la cour suprême à la suite de recours du candidat arrivé troisième au premier tour le 10 octobre, Charles Brumskine (9,6%), appuyé par M. Boakai (28,8%). George Weah a quant à lui viré en tête avec 38,4% des voix.
Une ultime demande de report présentée par le parti de M. Boakai ayant été rejetée par la cour suprême, les bureaux de vote seront ouverts de 08H00 à 18H00 GMT aux quelque 2,1 millions d'électeurs inscrits. Les premiers résultats, proclamés par la Commission électorale nationale (NEC), sont attendus quelques jours plus tard.
La date du scrutin fait craindre au camp du favori une démobilisation de son électorat, qu'il a appelé à ne "pas trop boire" à Noël pour aller voter tôt mardi.
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Déboutés deux fois par la cour suprême, les partisans du vice-président sortant "n'ont pas d'autre option que mener le combat sur le terrain politique", selon un militant du parti au pouvoir, Herbert Nagbe, reconnaissant que ces échecs judiciaires "en ont démoralisé certains".
Dans son recours, M. Boakai affirmait que la NEC ne s'était pas conformée aux conditions posées par la cour suprême pour autoriser le second tour, en particulier la rectification des incohérence des listes électorales.
Mais la Commission électorale a assuré qu'elle serait prête pour le jour fatidique, après les problèmes d'organisation constatés dans de nombreux bureaux de vote le 10 octobre.
Démonstration de force
Mme Sirleaf, prix Nobel de la Paix 2011, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, cédera le 22 janvier le pouvoir à son successeur élu pour six ans.
A 51 ans, George Weah, star du PSG et du Milan AC dans les années 1990, part favori face à Joseph Boakai, 73 ans, après être arrivé en tête au premier tour dans 11 provinces sur 15.
Il bénéficie du ralliement du sénateur et ancien chef de milice Prince Johnson (8,2%), et du parti de Charles Brumskine.
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Pendant le long imbroglio juridique, l'ancien attaquant a appelé à la retenue. Mais il a marqué les esprits en rassemblant samedi des dizaines de milliers de partisans dans le plus grand stade de Monrovia.
"Vous savez que j'ai participé à des compétitions, dont certaines difficiles, et que j'en suis sorti victorieux", a déclaré George Weah samedi à l'AFP. "Je sais que (Joseph) Boakai ne peut pas me battre. J'ai le peuple avec moi, un grand parti et une coalition puissante. Je me suis préparé pour diriger ce pays et la victoire sera nôtre".
"J'attends (le respect de) la liberté d'opinion et des emplois et je suis sûr à 100% que Weah est la seule personne à pouvoir nous soulager du stress dans lequel nous vivons", a expliqué l'un de ses partisans, D. Joshua Zinnah.
George Weah a tiré les leçons de ses deux échecs face au "ticket" présidentiel Sirleaf-Boakai, comme candidat à la présidence en 2005 puis à la vice-présidence en 2011.
Il s'est fait élire en 2014 sénateur de la province de Montserrado, la plus peuplée du pays, et a choisi comme colistière Jewel Howard-Taylor, ex-femme de l'ancien chef de milice puis président (1997-2003) Charles Taylor et influente sénatrice de Bong, autre important réservoir de voix.
Mais le camp Boakai ne s'avoue pas vaincu... Le candidat a mis en garde les jeunes contre "l'erreur" d'un vote en faveur de Weah : "Nous devons nous assurer que les jeunes seront formés et en mesure de transformer leur vie".
Dimanche, il devrait à son tour réunir ses partisans.
Cette élection tournera en tout état de cause une page dans l'histoire nationale. Car ni George Weah, ni Joseph Boakai, n'appartiennent à l'élite "américano-libérienne", issue d'esclaves affranchis qui a dominé la plus ancienne république d'Afrique depuis sa création, à l'exception de la présidence de Samuel Doe (1980-1990).
Avec AFP