Après une crise de confiance sous fonds de persistantes rumeurs, les choses se sont accélérées lundi à la mairie de Brazzaville où les conseillers municipaux ont retiré leur confiance à Roger Christian Okemba, le maire élu en 2017.
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"Monsieur Christian Roger Okemba a trahi la collectivité locale de Brazzaville", selon une déclaration, les élus locaux. "Nous retirons notre confiance au président du Conseil municipal et départemental de Brazzaville".
Les élus locaux disent disposer des preuves accablantes contre la gestion administrative et financière de Roger Christian Okemba, qu'on accuse d'avoir détourné 1 milliard 250 millions de FCFA, virés sur le compte de sa fille, enregistrée à la mairie comme prestataire de services.
Pour le conseiller Jacorcel Obabaka, le bilan du maire est négatif.
"Où est parti l'argent de la mairie ?", s'interroge le conseiller Jacorcel Obabaka, qui représente la commune de Moungali, un quartier du nord de la capitale. "Nous demandons le départ [de M. Okemba] si les faits sont avérés. Nous ne voulons plus de lui", ajoute l'élu local.
Pour calmer la tension au sein du Conseil municipal, le ministre de l'Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zephyrin Mboulou, a suspendu le maire de ses fonctions.
Pour le politologue Constant Blanc Ebara Pea, le maire de Brazzaville est victime de la guerre des clans au sein de la majorité présidentielle.
"Pour le cas de M. Okemba, on voit que la bataille commence dans son propre parti, ce sont ses camarades qui l'ont mis en minorité", souligne l'universitaire. "Il y a une bataille de positionnement en sourdine", ajoute-t-il.
Désormais sans maire, les Brazzavillois réagissent chacun à sa manière.
Léa, une habitante du quartier Ouenzé, considère déjà le maire de Brazzaville comme "déchu et révoqué", et se satisfait de cette situation. "Il n'a rien foutu. On ne sait même pas où va l'argent des taxes que payent les chauffeurs de taxis. C'est sûr qu'il l'a empoché, vu que son comptable était sa propre fille", dénonce cette mère de famille.
Même s'il se félicite de la nouvelle de la suspension du maire, Christ Ndongui, un habitant de Moungali, se demande plutôt s'il n'y a pas une application sélective des règles.
"On remarque beaucoup d'affaires en suspens où les ministres sont cités, même dans la famille présidentielle. Si cela doit commencer par monsieur Okemba, c'est une bonne chose, mais il y a plus grave", tempête-t-il.
Une enquête est lancée pour élucider les charges portées contre M. Okemba.