Le maire de Dakar condamné à cinq ans de prison

Le maire de Dakar, Khalifa Sall, parle lors d'une conférence de presse à Dakar le 1er mars 2011 .

Le maire de Dakar Khalifa Sall a été condamné vendredi à cinq ans de prison pour escroquerie portant sur des fonds publics et faux en écriture, une décision qui l'élimine de la course à la présidentielle sénégalaise de février 2019.

Le maire de Dakar Khalifa Sall a été condamné vendredi à cinq ans de prison pour escroquerie portant sur des fonds publics et faux, une décision qui l'écarte de la course à l'élection présidentielle sénégalaise de février 2019.

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Le maire de Dakar condamné à cinq ans de prison (vidéo)

La fin de la lecture de la décision du tribunal correctionnel de Dakar - qui l'a relaxé de plusieurs autres chefs d'accusation dont celui de détournement de fonds publics - a été interrompue par les protestations des partisans du maire, massés dans la salle d'audience.

Dissident du Parti socialiste, qui l'a exclu en décembre avec d'autres ténors de la "jeune garde" de cette formation de la coalition présidentielle pour "violences, indiscipline et activités politiques concurrentes" à celle de la direction, il impute ses déboires judiciaires à son statut d'opposant au chef de l'Etat Macky Sall.

Selon notre correspondant sur place, il y aurait eu des incidents au tribunal de Dakar entre les forces de l'ordre et partisans du maire de Dakar. Les gendarmes de la LGI et du GIGN sont intervenus.

Le parquet avait requis le 16 février sept ans d'emprisonnement à son encontre, alors que la défense réclamait la relaxe pure et simple pour Khalifa Sall et ses sept collaborateurs, poursuivis pour un détournement présumé de 1,83 milliard de FCFA (2,8 millions d'euros) entre 2011 et 2015.

>> Lire aussi : L'ambition présidentielle du maire de Dakar à la merci de la justice

Se défendant de tout enrichissement personnel, les prévenus assuraient que les fonds litigieux étaient "politiques", à l'usage discrétionnaire des élus, une notion rejetée vendredi par le tribunal.

Les avocats de Khalifa Sall dénoncent le verdict et le qualifie de machination judiciaire.

Khalifa Sall a néanmoins été relaxé des chefs d'accusation d'association de malfaiteurs et de blanchiment de capitaux ainsi que de détournement de fonds publics. Sur ce dernier point, le juge Lamotte a expliqué que l'escroquerie portant sur les deniers publics ayant été retenue, il ne pouvait être poursuivi simultanément pour ces deux infractions.

"Nous allons interjeter appel. Nous allons nous concerter avec nos clients", a déclaré à l'AFP Me Cheikh Khouraissi Bâ, un des avocats du maire de Dakar.

"La décision ne nous étonne pas", a déclaré un avocat de l'Etat du Sénégal, Me Baboucar Cissé. "Les faits sont avérés. Ils ont fait des faux pour empocher" de l'argent public", a-t-il affirmé à l'AFP, ajoutant que l'Etat du Sénégal, débouté de sa demande de 10 millions d'euros de dommages et intérêts, allait faire appel.

"L'Etat du Sénégal va faire appel mais en ce qui concerne les intérêts civils", a-t-il dit.

2,5 millions d'euros

Khalifa Sall a également été condamné à une amende de 5 millions de francs CFA (7.622 euros). Le directeur administratif et financier de la Ville de Dakar, Mbaye Touré, a écopé des mêmes peines de prison et d'amende que Khalifa Sall.

Le parquet avait requis sept ans d'emprisonnement à l'encontre de Khalifa Sall, poursuivi avec sept de ses collaborateurs pour un détournement présumé de 1,83 milliard de FCFA (2,8 millions d'euros) entre 2011 et 2015. Le montant a été finalement ramené par le tribunal à 1,65 milliard de FCFA (environ 2,5 millions d'euros).

"La justice sénégalaise aujourd'hui s'est affaissée. Le président Macky Sall a fait une commande que le juge Lamotte a exécutée", a déclaré à la presse Moussa Taye, conseiller politique de Khalifa Sall.

"Aujourd'hui, Khalifa est dans la prison mais dans le coeur de tous les Sénégalais", a réagi Makhtar Diaw, adjoint au maire d'une commune de Dakar.

"En sa qualité d'ordonnateur, Khalifa Sall a apposé sa signature au verso de 110 fausses factures" entre 2011 et 2015. Il a également procédé "aux certifications de fournitures" de produits prétendument achetés par la Ville de Dakar et qui se sont révélées "fausses", a dit M. Lamotte.

"Khalifa Sall avait la claire conscience de la fausseté de ces informations", a-t-il ajouté.

Se défendant de tout enrichissement personnel, les prévenus assuraient que les fonds litigieux étaient "politiques", à l'usage discrétionnaire des élus, une notion rejetée par le tribunal.

Un autre responsable du budget de la Ville, Yaya Bodian, a été condamné à cinq ans ferme et une secrétaire de M. Sall écope de deux ans, dont six mois ferme. Deux autres agents municipaux sont condamnés à un an ferme. Les deux percepteurs ont été relaxés.