La visite du roi du Maroc a été très bien accueillie par les sénégalais selon Abdoulaye Thiam, chef du service politique du journal Le Soleil à Dakar. "Nos deux pays sont liés par l'histoire et la géographie. D'un point de vue économique également, le Sénégal et le Maroc entretiennent d'excellentes relations. Et la volonté de retour du Maroc au sein de l'Union Africaine est très bien perçue par le Sénégal."
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Le Maroc tente actuellement de réintégrer l'Union africaine (UA).
"Le Maroc est de retour pour retrouver sa place naturelle" en Afrique, a estimé le roi, réaffirmant la "marocanité immuable" du Sahara occidental.
Il est arrivé le soir même en visite officielle dans la capitale sénégalaise, depuis le Gabon, et après une importante tournée diplomatique en Afrique de l'Est, qui l'a mené au Rwanda, puis en Tanzanie.
Ce discours, prononcé depuis Dakar, "traduit tout l'intérêt que nous portons à notre continent", a souligné Mohammed VI.
Rendant un vibrant hommage au Sénégal, il a expliqué s'adresser à son peuple "depuis le coeur de l'Afrique au sujet du Sahara marocain" et est longuement revenu sur sa volonté de réintégrer l'UA.
Le royaume mène actuellement une offensive diplomatique sur le continent avec comme principal enjeu la question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole contrôlée depuis 1975 par Rabat, et dont le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame l'indépendance.
Mi-juillet, le souverain avait souhaité le retour au plus vite de son pays au sein de l'UA, que Rabat avait quittée en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) du Front Polisario. Ce retour, qui doit être validé par un vote, donne lieu à une sourde lutte d'influence avec l'Algérie dans les couloirs de l'organisation.
"Le Maroc dispose d'une majorité écrasante pour occuper son siège au sein de la famille institutionnelle africaine", a assuré Mohammed VI.
"Et lorsque nous annonçons notre retour, nous ne demandons la permission de personne pour obtenir notre droit légitime", a-t-il lancé.
Ce retour "ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara", a-t-il ajouté. "Il nous permettra plutôt de défendre nos droits légitimes et de corriger les contre-vérités colportées par les adversaires de notre intégrité territoriale, notamment au sein de l'organisation africaine", a accusé le souverain, promettant de "contrecarrer leurs manoeuvres".
"La politique africaine du Maroc ne se limitera pas à l'Afrique occidentale et centrale", mais aura "une portée continentale" et englobera "toutes les régions de l'Afrique", a promis le roi. Avec une plus grande implication dans la lutte contre le terrorisme, les questions migratoires, le changement climatique. Un sommet africain est d'ailleurs prévu le 16 novembre à Marrakech, au cours de la conférence internationale sur le climat COP22, qui durera du 7 au 18 novembre.
"Ce discours restera historique et trace l'avenir de la politique africaine du Maroc", désormais élargie "à l'ensemble du continent" et profondément liée à la question du Sahara occidental, a commenté à l'AFP une source diplomatique marocaine haut-placée. En 17 ans de règne, Mohammed VI a effectué 37 visites officielles sur le continent, où le royaume compte désormais une trentaine d'ambassades et a remplacé récemment 80% de ses ambassadeurs, a rappelé cette source.
La réintégration par le Maroc de l'UA est l'aboutissement "d'une réflexion approfondie", selon Mohammed VI, qui a appelé le futur gouvernement marocain à attacher tout "l'intérêt" nécessaire à l'Afrique.
Vainqueur des législatives début octobre, le Premier ministre islamiste sortant Abdelillah Benkirane mène depuis lors des tractations pour former sa future coalition. Cela "ne doit pas être une affaire d'arithmétique, (...) comme s'il était question de partager un butin électoral", a commenté à ce propos le souverain.
Avec AFP