Le Mozambique reconnaît une dette "intenable"

Un pêcheur nettoie son bateau à Maputo, Mozambique, le 15 août 2015.

Le gouvernement mozambicain a reconnu que sa dette, plombée notamment par le scandale des emprunts cachés de 1,4 milliard de dollars, était devenue "intenable" et souhaite désormais la restructurer, selon une note du ministère des Finances rendue publique mardi soir.

L'opération de restructuration est un des prérequis pour rétablir les relations de Maputo avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a suspendu ses prêts auprès du Mozambique, et négocier un plan de sauvetage de l'économie mozambicaine plongée dans une crise sans précédent.

La dette publique du Mozambique - un des 15 pays les plus pauvres au monde, selon le FMI - devrait atteindre 130% du PIB en 2016, contre 86% en 2015, selon une note du ministère des Finances présentée à ses créanciers à Londres.

Le représentant du FMI au Mozambique, Ari Aisen, a salué mercredi l'initiative des autorités, qui "vise à engager des discussions avec certains créanciers pour remettre la dette du Mozambique sur le droit chemin".

"L'équipe du FMI se tient prête à assister le gouvernement dans ses efforts", a t-il ajouté dans un communiqué.

Le Mozambique s'est retrouvé en avril 2016 au coeur d'un scandale politico-financier avec la révélation d'emprunts cachés contractés par des entreprises publiques pour 1,4 milliard de dollars.

Selon Maputo, ces emprunts étaient destinés à financer l'achat d'embarcations militaires et de matériel de défense.

Ils s'ajoutent à une obligation de 850 millions de dollars contractée opaquement en 2013 par l'entreprise publique Ematum pour une commande de 30 embarcations aux chantiers navals des Constructions mécaniques de Normandie de Cherbourg (ouest de la France).

A la suite de ces révélations, le FMI a suspendu ses prêts, suivi de la Banque mondiale et des pays donateurs, dont les contributions représentaient jusque-là 10% du budget mozambicain.

Selon la note du ministère des Finances, l'objectif premier de Maputo est de "restaurer ses relations avec le FMI pour stabiliser (son) économie et restaurer la confiance de la communauté internationale".

"Les discussions avec le FMI ne peuvent reprendre que si le Mozambique n'est plus dans la catégorie +surendettement+", selon la même source.

Le scandale des prêts cachés a gravement détérioré la situation financière du Mozambique, déjà touché par la crise des matières premières. Sa monnaie a perdu 84,8% de sa valeur face au dollar depuis début 2016, la pire performance monétaire en Afrique.

En septembre, le FMI a revu à la baisse les perspectives de croissance du Mozambique à 3,7% pour 2016, son plus bas niveau en 16 ans.

"Les perspectives de croissance à long terme du Mozambique restent prometteuses", affirme cependant le ministère des Finances, citant notamment l'impact de l'extraction des réserves de gaz dans le nord du pays, dont l'exportation doit débuter d'ici 2022.

Avec AFP