RDC

Le nom du successeur de Kabila sera annoncé à 23h selon la CENI

Corneille Nangaa à Kinshasa le 2 janvier 2019.

Le nom du successeur de Joseph Kabila en République démocratique du Congo doit être proclamé mercredi à 23h (22hTU), a promis la Commission électorale.

Fausse alerte en fin d'après-midi: le président de la Commission électorale (Céni), Corneille Nangaa, est venu lui-même annoncer aux dizaines de journalistes déjà présents au siège de la Céni de revenir plus tard dans la soirée.

Un contre-temps de plus pour ces élections trois fois reportées depuis la fin du second mandat du président Kabila en décembre 2016.

A l'approche de l'heure H, la police s'est déployée aux endroits stratégiques dans la capitale, Kinshasa, où, pour le deuxième jour de suite, les habitants sont rentrés plus tôt chez eux.

La RDC vit une situation sans précédent depuis le retrait du président Kabila, qui n'a pas brigué de troisième mandat interdit par la Constitution.

Ses prédécesseurs ont tous été renversés par la force, à commencer par son père et prédécesseur, Laurent-Désiré, assassiné par un garde du corps le 16 janvier 2001.

Les électeurs ont le choix entre une transmission du pouvoir au dauphin, l'ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, ou une alternance historique, conduite par l'un des deux candidats d'opposition, Martin Fayulu ou Félix Tshisekedi.

Au siège de l'UDPS de Félix Tshisekedi, plusieurs centaines de "combattants" chantaient déjà victoire, a constaté une journaliste de l'AFP.

A l'inverse, la déléguée d'un parti soutenant l'autre opposant, Martin Fayulu, a claqué la porte de la Céni, a indiqué sa formation politique.

Cette déléguée représente le Mouvement de libération du Congo (MLC) de l'ex-chef de guerre et ex-vice-président, Jean-Pierre Bemba, qui soutient Martin Fayulu.

"En tant que secrétaire générale du MLC et porte-parole de (la coalition) Lamuka, je dis que la population congolaise s'est déjà choisie son président de la République que tout le monde connaît", a déclaré la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaiba. "Kabila n'a pas à dire: je veux telle personne, je ne veux pas de telle. Ce n'est sa résidence privée, ni une affaire de famille, c'est une affaire d'État".

Des rumeurs font état d'un rapprochement entre le pouvoir et l'UDPS de Félix Tshisekedi.

Le porte-parole du gouvernement et du candidat de la majorité ne les a pas démenties : "Nous n'allons pas rejeter la main tendue parce qu'il y a un temps pour tout", a déclaré Lambert Mende.

Certains de leur victoire, MM. Tshisekedi et Fayulu ont tous deux assuré qu'ils n'avaient pas l'esprit de "revanche" envers M. Kabila et son entourage.

Ils se placent dans l'hypothèse d'une éventuelle alternance sans précédent qui devrait être acceptée par tous les acteurs politiques, les forces de sécurité et les milieux d'affaires dans les mines.

Dans ce contexte, les appels en faveur de la "vérité des urnes" se sont poursuivis jusqu'à mercredi dans ce pays au coeur de l'Afrique centrale, région du monde où le résultat des élections est quasi-systématiquement contesté sous prétexte de "fraudes massives".

Au coeur du processus électoral, les observateurs électoraux de la Conférence épiscopale (Cenco) ont réitéré leur appel contre la fraude avec les protestants de l'Église du Christ du Congo (ECC) et les ONG de la Symocel.

"La Nation attend la fête à la publication du nom du président élu et non la désolation, encore moins les violences", ajoutent les deux principales confessions religieuses du pays et l'ONG.

La Conférence épiscopale (Cenco) déclare avoir déployé 40.000 observateurs dans les bureaux de vote le jour des scrutins, le 30 décembre.

La Cenco a affirmé dès jeudi "que les données à sa disposition issues des procès-verbaux des bureaux de vote consacre le choix d'un candidat comme président de la République", sans jamais préciser quelles étaient ces données.

L'impatience commence à se faire sentir dans tout le pays.

A Goma (est), les affaires tournent au ralenti : "Tout le monde garde son argent car la situation politique est incertaine", constate Joël Sikumoja, un homme d'affaires de 33 ans.

"Le fait qu'on cache le résultat, cela prouve de la tricherie qui s'organise. C'est vraiment malheureux", dénonce une étudiante. "Nous sommes dans l'impatience de connaître notre futur président. Nous avons voté. Nous avons le droit de savoir les résultats des urnes".

Les résultats provisoires pourront faire l'objet de recours devant la Cour constitutionnelle. La prestation de serment du nouveau président élu était prévue le 18 janvier dans le calendrier initial.