Le nouveau Premier ministre prête serment au Soudan

Le président soudanais Omar al-Bashir s'exprime au palais présidentiel le 22 février 2019 à Khartoum, au Soudan.

Le nouveau Premier ministre soudanais a prêté serment dimanche alors que les manifestants sont une nouvelle fois descendus dans la rue pour réclamer le départ du chef de l'Etat qui a imposé l'état d'urgence à travers le Soudan et limogé le gouvernement.

Mohamed Taher Ela, ancien gouverneur de l'Etat agricole d'Al-Jazira, a prêté serment en tant que nouveau Premier ministre, selon un photographe de l'AFP sur place lors de la cérémonie.

Le ministre de la Défense, le général Awad Ibnouf, a lui aussi prêté serment en sa qualité de nouveau premier vice-président après le limogeage de son prédécesseur Bakri Hassan Saleh, un allié de longue date du président Béchir et figure influente de son régime.

Seize officiers de l'armée et deux du puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) ont prêté serment comme gouverneurs des 18 provinces (Etats) du pays.

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M. Béchir a annoncé vendredi, dans un discours à la nation, l'état d'urgence pour une durée d'un an et "la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial", affirmant que le pays avait besoin de "gens qualifiés".

Il devrait annoncer prochainement la formation du nouveau gouvernement, après des changements entrepris dans les hautes sphères du pouvoir pour tenter de répondre aux manifestations qui secouent le pays depuis plus de deux mois.

Le Soudan est depuis le 19 décembre le théâtre de manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain en plein marasme économique.

La contestation s'est vite transformée en un mouvement réclamant le départ du chef de l'Etat, âgé de 75 ans, qui tient le pays d'une main de fer depuis 1989 et envisage de briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2020.

Les organisateurs de la contestation ont réagi aux mesures choc annoncées par le président en assurant qu'elles n'empêcheraient pas les manifestants de poursuivre leur mouvement et réclamer le départ du chef de l'Etat, qui selon des experts fait face à son plus grand défi en trois décennies.

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Dimanche encore, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dans la ville d'Omdourman, voisine de la capitale Khartoum, protestant contre l'état d'urgence annoncé vendredi pour une durée d'un an.

"Nous voulons dire au président que l'état d'urgence ne nous découragera pas", explique Sawsane Bachir qui manifestait à Omdourman. "Notre objectif est de renverser ce régime et nous allons réussir".

Les manifestations ont été sévèrement réprimées à travers le pays. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L'ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts, dont des enfants et des personnels médicaux.

Pour International Crisis Group (ICG), la situation pourrait bien empirer avec l'imposition de l'état d'urgence.

"Béchir va concentrer les pouvoirs et cela va ouvrir la voie à une confrontation avec le mouvement de protestation qui pourrait devenir plus violente", craint Murithi Mutiga, de l'ICG.