Le nouveau chef d'Etat de 64 ans, plutôt de gauche, est un ancien avocat spécialiste de la défense des droits de l'Homme. Il se dit favorable à une forme de dialogue avec Pyongyang, ce qui tranche singulièrement avec la rhétorique menaçante employée ces derniers temps à l'endroit de la Corée du Nord par l'administration Trump.
"Si besoin, je partirais tout de suite à Washington", a déclaré à le nouveau chef de l'Etat issu du Parti démocratique, juste après sa prestation de serment devant les députés. "Je me rendrai également à Pékin et Tokyo, et même à Pyongyang si les conditions sont réunies".
M. Moon affronte une tâche diplomatique délicate face à une Corée du Nord qui rêve de mettre au point un missile capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain, et qui a mis Séoul à portée de ses vastes forces d'artillerie.
Sur le plan intérieur, il fait face à de multiples défis, au premier rang desquels les conséquences du retentissant scandale de corruption qui a valu à sa précédesseuse conservatrice Park Geun-Hye d'être destituée. S'il a remporté l'élection présidentielle anticipée dans un fauteuil, le pays est profondément divisé.
'Servir tous les Coréens'
"Je serai le président de tous les Sud-Coréens", a déclaré M. Moon, promettant de "servir y compris ceux qui ne me soutiennent pas". "Je serai un président à portée du peuple".
Après une campagne dominée par les thèmes du chômage et du ralentissement de la croissance, M. Moon a remporté 41,1% des suffrages, soit 13,4 millions de voix, loin devant le conservateur Hong Joon-Pyo, issu du parti de la présidente déchue (24,03%) et du centriste Ahn Cheol-Soo (21.4%).
Peu avant cette cérémonie d'investiture sans fioritures, M. Moon a rencontré les députés du parti conservateur Liberté Corée, partisans de la ligne dure avec Pyongyang et qui l'ont accusé à de multiples reprises de vouloir "livrer le pays tout entier à la Corée du Nord une fois élu".
"Je voudrais montrer à notre peuple que nous avançons tous ensemble", leur a dit le nouveau président, expliquant qu'il leur demanderait leur avis sur les sujets de sécurité nationale. "Je vous supplie de coopérer".
Les tensions ont rarement été aussi fortes sur la péninsule, la Corée du Nord ayant mené depuis début 2016 deux essais nucléaires et de multiples tests de missiles.
Peur de l'escalade
L'administration du président américain Donald Trump a répété ces derniers mois que l'option militaire était sur la table, alimentant les craintes d'escalade. Cependant le chef de la Maison Blanche a changé de ton la semaine dernière, déclarant qu'il serait "honoré" de rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.
M. Moon devrait avoir sa première conversation téléphonique avec M. Trump dès mercredi, d'après l'agence sud-coréenne Yonhap. Il devrait aussi selon son entourage nommer dans la journée son Premier ministre, son chef du renseignement et son directeur de cabinet.
Le président chinois Xi Jinping l'a félicité pour sa victoire, se déclarant prêt à travailler avec lui sur la base "de l'entente mutuelle et du respect mutuel", selon l'agence officielle Chine Nouvelle.
La Chine ne décolère pas depuis le déploiement en Corée du Sud du bouclier antimissiles américain Thaad, destiné à contrecarrer les menaces venues du Nord. Pékin le considère comme une menace contre ses propres capacités de dissuasion et pour la sécurité régionale.
La Chine, le plus important partenaire commercial de la Corée du Sud, a adopté une série de mesures contre les entreprises sud-coréennes vues à Séoul comme des représailles économiques et les relations entre les deux pays se sont tendues.
M. Moon a expliqué qu'il mènerait des "négociations sérieuses" avec les Etats-Unis et la Chine au sujet du déploiement en Corée du Sud du bouclier antimissile américain Thaad.
Avec AFP