Deux cent mille personnes environ ont assisté mardi à la messe d'ouverture des Journées mondiales de la jeunesse, célébrée par le cardinal archevêque de Cracovie Stanislaw Dziwisz, ont indiqué des sources de services de sécurité, alors que les organisateurs s'attendaient à un demi-million.
Près de quatre cent mille pèlerins s'étaient officiellement inscrits pour ce "Woodstock catholique" inventé par Jean Paul II, mais "la série d'attentats en Europe a pu avoir un impact néfaste" sur la participation, reconnaît le président de l'agence catholique polonaise KAI Marcin Przeciszewski, dans une déclaration à l'AFP.
Mais il compte toujours sur l'arrivée massive de participants non inscrits qui viendront surtout de Pologne à la rencontre du souverain pontife.
L'attaque jihadiste survenue mardi dans une église en France et l'assassinat d'un prêtre âgé, ont quelque peu terni l'ambiance des JMJ, même si les participants sur place affichaient leur énergie et leur enthousiasme, malgré la pluie qui leur a fait endosser des ponchos de plastique multicolores.
Cette attaque risque de rendre le message d'ouverture de François, essentiellement envers les migrants, encore plus inaudible auprès des dirigeants conservateurs et des évêques.
Il doit s'entretenir avec le président polonais, le conservateur Andrzej Duda, au château royal de Wawel à Cracovie, avant une rencontre à huis clos avec les évêques du pays dans la cathédrale.
Mais dans la patrie de Jean Paul II, le pape amateur de tango et défenseur d'une "Eglise des pauvres" a du mal à se faire entendre.
"Les catholiques polonais ne vont pas accueillir le pape qu'ils souhaitent, mais compte tenu de leur situation sociale et politique, il se pourrait qu'ils reçoivent justement le pape dont ils ont besoin", a estimé le vaticaniste John Allen sur le site spécialisé Cruxnow.
Pour une Eglise compatissante
Nostalgiques du charismatique Jean Paul II, pape de 1978 à 2005 salué pour son rôle dans la chute du communisme, les mouvements catholiques ultra-conservateurs, très présents en Pologne, voient d'un mauvais oeil les efforts de François en faveur d'une Eglise plus souple et compatissante.
Selon le vaticaniste Christopher Lamb, beaucoup d'évêques poloonais "sont en désaccord avec la direction de ce pontificat", et en particulier les appels à ouvrir les portes des églises aux "pécheurs", comme les mères célibataires ou les divorcés remariés, écrit-il dans The Tablet.
Sur le plan politique, les appels et les gestes du pontife argentin en faveur des migrants, y compris musulmans, passent mal dans un pays où, en phase avec une bonne partie de la société, la Première ministre Beata Szydlo, conservatrice et catholique affirmée, ne veut pas de réfugiés, évoquant des raisons de sécurité.
Dans un message à l'Eglise locale, le pape s'est dit "bouleversé" par cette violence intervenue pendant une messe.
Dans une petite église baroque Saint-Nicolas de Cracovie plusieurs centaines de jeunes venus de Lyon pour les JMJ se sont recueillis mardi soir en mémoire du prêtre tué en France et des victimes des autres attentats récents dans le monde.
Beaucoup de jeunes assurent ne pas craindre un attentat mais les autorités, plus inquiètes, n'ont pas lésiné sur les moyens: 20.000 policiers, 9.000 pompiers, 800 membres du service de protection du gouvernement et 11.000 gardes-frontières ont été mobilisés pour assurer la sécurité lors des grands rassemblements prévus jusqu'à dimanche.
En marge des JMJ, le pape visitera jeudi le sanctuaire marial de Czestochowa et vendredi l'ancien camp de concentration d'Auschwitz, où environ 1,1 million de personnes, dont un million de juifs, ont été assassinées par les nazis.
La visite doit s'achever par la traditionnelle veillée de prière samedi et la messe dimanche, avec pour les jeunes participants une nuit à la belle étoile qui vaut aux JMJ leur surnom de "Woodstock catholique".
Avec AFP