"Serait-il exagéré d'introduire dans le langage de la coopération internationale la catégorie de l'amour, qui se conjugue avec gratitude, égalité de traitement, solidarité, culture du don, fraternité, miséricorde?", a demandé le pontife argentin à son auditoire de diplomates internationaux et de ministres de l'agriculture du G7.
"La capacité d'aimer est la voie principale qui garantit non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la sécurité humaine dans son aspect global", a-t-il plaidé.
Le pape a estimé qu'on ne pouvait pas "se limiter à avoir de la pitié, car la pitié se limite aux aides d'urgence, tandis que l'amour inspire la justice".
"Aimer signifie contribuer à ce que chaque pays augmente la production et arrive à une autosuffisance alimentaire. Aimer se traduit en pensant à de nouveaux modèles de développement et de consommation, et en adoptant des politiques qui n'aggravent pas la situation des peuples moins avancés ou leur dépendance extérieure", a spécifié François.
"Prêtons attention au cri de tant de nos frères marginalisés et exclus. +J'ai faim, je suis étranger, je suis nu, malade, reclus dans un camp de réfugiés+", a-t-il ajouté, sur un ton très grave.
Auparavant, il avait dévoilé une sculpture dans le hall de l'organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'agriculture (FAO) représentant un ange pleurant sur le corps d'Aylan Kurdi, petit Syrien retrouvé mort sur une plage en 2015 et devenu un symbole du drame des réfugiés en Méditerranée. Cette oeuvre de l'artiste italien Luigi Prevedel est un don du pape.
François n'a pas manqué d'évoquer devant la FAO "les populations martyrisées par certaines guerres qui durent déjà depuis des décennies", propageant "l'insécurité alimentaire et le déplacement forcé de personnes".
Il faut "remédier au fléau funeste du trafic d'armes", a-t-il ajouté. Car, "quelle valeur y a-t-il a dénoncer le fait que les conflits entraînent des millions de victimes de la faim et de la malnutrition, si on n'agit pas efficacement dans les domaines de la paix et du désarmement?"
"Il est clair que les guerres et les changements climatiques occasionnent la faim, donc évitons de la présenter comme une infirmité incurable!", a-t-il lancé.
"Pour certains, il suffirait de diminuer le nombre de bouches à nourrir et cela résoudrait le problème, mais ceci est une fausse solution si on tient compte du niveau de déperdition de la nourriture et des modèles de consommation", a encore souligné le pape.
Le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, a pour sa part annoncé que l'agence allait co-présider une initiative de l'ONU visant à élaborer "un pacte mondial pour une migration sûre, régulière et ordonnée".
En 2015, le monde comptait 244 millions de migrants internationaux, soit 40% de plus qu'en 2000, selon la FAO.
Avec AFP