Le parti au pouvoir s'effrite à quelques mois de la présidentielle au Nigeria

Muhammadu Buhari au sommet de l'Union africaine, Nouakchott, Mauritanie, le 3 juillet 2017

Des parlementaires nigérians appartenant au parti au pouvoir All Progressives Congress (APC) ont formé un groupe dissident, annonce d'une division imminente et d'un mouvement contre le président Muhammadu Buhari, de plus en plus critiqué au sein même de son camp, à moins d'un an de la présidentielle.

Ancien allié de Buhari, Buba Galadima a annoncé mercredi la création du Reformed All Progressives Congress (rAPC), et a appelé tous les membres dissidents du parti à le rejoindre.

Il a notamment accusé l'ancien général et son gouvernement de ne pas avoir tenu ses promesses en termes de sécurité et de lutte contre la corruption.

Selon lui, la présidence de Buhari à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique (180 millions de personnes) est un "désastre monumental", et son équipe au sein de l'exécutif "n'a aucune vision, est inepte et incompétente".

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"Il a instauré un Etat dictatorial, où règnent l'impunité, l'abus de pouvoir, la perte des droits constitutionnels (...)", a-t-il affirmé à des journalistes à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.

Cette annonce fait suite à des mois de luttes intestines au sein de l'APC, portées notamment par les présidents des deux Chambres, Bukola Saraki et Yakuba Dogara, dont les relations sont notoirement conflictuelles avec Buhari. Ils n'ont pas annoncé leur ralliement au rAPC pour l'instant.

Les grandes figures du parti -notamment le nouveau chef de file de l'APC Adams Oshiomole, ont tenté en vain d'atténuer les tensions, en multipliant les discussions.

Le rAPC n'est pas un parti d'opposition, mais un groupe dissident au sein du parti, ce qui permet aux élus de garder leur poste.

Ce tournant, huit mois avant la présidentielle de février 2019, rappelle les événements au sein du PDP (Parti Populaire Démocratique), alors au pouvoir sous Goodluck Jonathan: de nombreux membres avaient fait défection pour rejoindre l'APC, le portant ensuite au pouvoir.

Muhammadu Buhari, 75 ans, qui a annoncé son intention d'être candidat à sa propre succession, subit de nombreuses pressions sur tous les fronts.

Le mois dernier, l'Assemblée nationale avait déclaré "ne pas hésiter à (invoquer) ses pouvoirs constitutionnels si rien n'est fait" pour assurer la sécurité et mettre un terme à la montée des conflits qui ont fait plus de 2.000 morts dans le pays depuis le début de l'année.

Avec AFP