Le patron de Petrobras jette l'éponge après des grèves au Brésil

Aldemir Bendine, ancien PDG de Petrobras, devant la presse étrangère à Rio, au milieu d'une enquête fédérale sur un plan de pots-de-vin de la compagnie pétrolière, le 16 décembre 2015.

Le patron du groupe Petrobras, Pedro Parente, a présenté sa démission, jetant l'éponge à l'issue de grèves d'ampleur au Brésil où la politique tarifaire et l'autonomie du géant de l'énergie ont été durement remises en question.

Le groupe a annoncé la démission surprise de ce capitaine d'industrie et ex-ingénieur de 65 ans dans un communiqué, après des grèves dans le pays des transporteurs routiers et du secteur pétrolier autour des prix du carburant.

"Pedro Parente a demandé à quitter ses fonctions de président de l'entreprise ce matin", a annoncé le groupe basé à Rio de Janeiro, précisant que le conseil d'administration allait nommer un patron intérimaire.

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Les actions --préférentielles et ordinaires-- de Petrobras ont chuté de quelque 16% puis de 20% à la Bourse de Sao Paulo en mi-journée, en réaction à l'annonce de la démission de M. Parente.

Le groupe a perdu environ 40% de sa capitalisation boursière ces deux dernières semaines en raison d'un conflit national très dur des transporteurs routiers qui ont paralysé le Brésil avec des barrages routiers pour appuyer leur demande d'une baisse des prix du gazole.

Routes bloquées dans tous les Etats de l'immense pays, pénurie d'essence, rayons de produits frais vides et aéroports incapables de fournir les avions en carburant: la première économie d'Amérique latine a été très ébranlée par cette grève des camionneurs.

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Le gouvernement de centre droit du président Michel Temer a fini par céder aux revendications des grévistes, leur garantissant des prix plus bas pour une période de 60 jours. Il a porté ainsi un rude coup à l'autonomie accordée à Petrobras fin 2016 en matière de politique tarifaire.

Cette autonomie du groupe, qui s'est aligné sur les prix du marché international, avait été réclamée par les marchés mais elle s'est mécaniquement traduite par une hausse du prix des carburants.

Des hausses qui ont généré le mécontentement dans le pays, un sujet d'inquiétude à l'approche de la présidentielle d'octobre, la plus incertaine de l'histoire récente du Brésil.

Après la grève de neuf jours des camionneurs, un Michel Temer très fragilisé avait laissé entendre qu'il pourrait retirer l'autonomie de Petrobras en matière de fixation de sa politique tarifaire, avant de reculer sur cette question.

"Réputation lavée"

Ce sont ensuite les travailleurs du secteur pétrolier qui s'étaient mis en grève au Brésil en début de semaine, réclamant une réduction des prix des carburants et du gaz de ville, la fin de la politique de vente d'actifs de Petrobras et la démission de Pedro Parente.

Ces travailleurs ont renoncé jeudi à leur mouvement après que la justice l'a déclaré illégal. Mais ils ont menacé d'appeler à des arrêts de travail d'une durée indéterminée pour obtenir satisfaction.

M. Parente avait été nommé par M. Temer en mai 2016 pour permettre au groupe de se relever du plus grand scandale de l'Histoire du Brésil, autour d'un vaste réseau de corruption impliquant des pots-de-vin contre l'octroi de marchés publics.

Tous les partis politiques ont été impliqués dans cet immense scandale mis au jour par l'enquête "Lavage express", qui, quatre ans après, continue de faire des vagues au Brésil et en a largement dépassé les frontières.

Dans une lettre au président Temer publiée vendredi, M. Parente a expliqué quitter Petrobras "avec une réputation lavée", tout en ajoutant que son maintien à la tête du groupe "ne serait plus positif".

"Les conséquences de la démission de Parente pour Petrobras vont être très graves", a estimé André Perfeito, un analyste des consultants Spinelli, "il représentait un type d'orientation pour l'entreprise".

Mais "il a vu que les tensions sociales allaient rester élevées au Brésil, que certains politiques demandaient sa démission et par ailleurs que beaucoup de ce qui a été négocié avec les camionneurs ne pourrait pas être tenu. Il a anticipé tout cela".

Mais Simao Zinardi, l'un des dirigeants du FUP -le plus grand syndicat du secteur pétrolier- a qualifié la démission de M. Parente de "victoire".

Avec AFP