Pourquoi la CAF a-t-elle décidé d'attribuer au Maroc l'organisation du CHAN 2018 en remplacement du Kenya ?
Ahmad : "Nous sommes à trois mois de la compétition. Par respect des procédures, nous avons fait un appel à candidatures ouvert à tous les pays africains. Deux ont répondu favorablement avec l’appui de leurs gouvernements : le Maroc et la Guinée Equatoriale. Après une visite d’inspection en Guinée Equatoriale et l’étude du dossier complet marocain, la CAF a décidé, sur avis du comité d’urgence et des membres du comité exécutif, à l’unanimité, de choisir le Maroc. Nous ne voulons plus construire quoique ce soit. Si on devait, aujourd’hui, organiser le CHAN 2018, le Maroc est déjà prêt. Je suis ici pour une réunion de travail avec le président de la FRF et le ministre des sports pour cette compétition qui aura lieu du 12 janvier au 4 février 2018."
Est-ce aussi une façon de soutenir le potentiel d’une candidature marocaine pour la Coupe du monde 2026 ?
Ahmad : "Etant président de la CAF, j’ai la responsabilité de m’assurer que les CAN et les CHAN sont dans la droite ligne de notre politique actuelle. Pour 2026, un de mes pays est candidat. Je les soutiens comme un père soutient ses enfants. Cela serait une fierté pour l’Afrique. Le Maroc a la possibilité d’accueillir une coupe du monde. L’Afrique est parmi les quatre grands continents de football, et parmi les deux premiers en termes de nombre de membres. En un siècle de compétition, on a organisé qu’une seule fois le Mondial en Afrique. Il est donc tout à fait légitime et logique que l’Afrique réclame l’organisation pour 2026, seize ans après le Mondial 2010 en Afrique du Sud."
Sur la CAN 2019, vous avez récemment apportée votre soutien au Cameroun, pays hôte de la compétition. Cela met-il fin définitivement à la polémique ?
Ahmad : "C’est ça qui est désolant à notre époque : déformer ce qu’un responsable déclare ! Je n’ai jamais dit qu’on retire la CAN 2019 au Cameroun. Je suis un président qui succède à une autre administration et il y a certaines règles qu’il faut respecter. Par contre, les dirigeants actuels de la CAF et moi-même sommes intransigeants sur le respect des cahiers des charges. Nous avons revu notre cahier des charges et si le Cameroun répond à toutes les exigences, aucun problème pour qu’il organise la CAN 2019. J’ai dit, et je répète, qu’au moment où j’avais fait cette déclaration (NDLR : à Ouagadougou en août dernier), le Cameroun n’était pas prêt. La preuve : au lendemain de ma déclaration, les autorités politiques camerounaises ont signé le contrat avec des sociétés pour construire les infrastructures. Quelques semaines après, le gouvernement a mis en place le comité d’organisation. Alors ? En tant que propriétaire de la CAN et premier responsable de la CAF, n’avais-je pas le droit d’être inquiet ?"
Vos propos ont-ils fait avancer les choses au Cameroun ?
Ahmad : "En tout cas, il y a un progrès et une évolution depuis mon intervention. Aujourd'hui même, en Côte d'ivoire par exemple, le comité d'organisation pour la CAN 2021 a été mis en place il y a un certain moment. Voilà un pays qui est déjà en avance. Quoiqu'il en soit, mes propos étaient nécessaires et beaucoup de Camerounais m'ont remercié de mon intervention."
A l'époque, Issa Hayatou, votre prédécesseur, était sorti de sa réserve pour vous mettre en garde. Cela vous a-t-il touché ?
Ahmad : "Non, je laisse cela aux journalistes. Pour quelqu'un qui avait dit qu'il m'aiderait, voilà sa première contribution."
Votre rencontre à Kinshasa avec Samuel Eto'o a-t-elle permis d'apaiser les choses sur le dossier de la CAN 2019 vis-à-vis du Cameroun ?
Ahmad : "Je remercie Samuel pour son implication. Il peut ne pas venir, ni solliciter la CAF, mais son initiative est très louable. C’est quelqu’un qui a sans doute les mêmes intérêts que nous aujourd’hui : mettre l’intérêt du football africain au-dessus de tout. Le courant est bien passé. C’est une relation cordiale, pas seulement pour la CAN mais aussi pour réorganiser le football camerounais, car c’est un pays qui vit aujourd’hui avec un comité de normalisation. ."
Lors du Symposium de Rabat, vous appeliez à une plus grande implication des gloires africaines dans la gestion courante du football. Cela s'est-il matérialisé ?
Ahmad : "Ils s’impliquent déjà. Dans les différentes commissions mises en place, des légendes ont déjà des responsabilités. Dans la commission d’organisation de la CAF, par exemple, il y a Joseph-Antoine Bell, en tant que représentants des légendes. Dans l’administration de la CAF, des légendes aussi seront recrutées bientôt pour nous apporter leur expérience et leur expertise."
Où en est la CAF dans sa quête d'un nouveau secrétaire général ?
Ahmad : "J’ai toujours dit que je mettrai en place la nouvelle administration de la CAF avant la fin de l’année. A la prochaine réunion du comité exécutif mi-novembre, le comité exécutif nommera le secrétaire général et les deux secrétaires généraux adjoints."
Sept mois après votre élection à la tête de la Confédération Africaine de Football, est-ce plus dur que vous ne l'imaginiez ?
Ahmad : "Nous sommes dans le droit chemin. C’est vrai, c’est dur car c’est une grande organisation et il y a beaucoup de choses à améliorer. Il y a aussi des acquis, quoiqu’on en dise. Il faut aller de l’avant ."
Le Nigeria et l'Egypte sont les premiers pays africains qualifiés pour le Mondial 2018, qu'en pensez-vous ?
Ahmad : "Félicitations à ces deux grandes nations du football ! Avec les trois qualifiés à venir, les fédérations et les autorités de ces pays, nous allons voir ce que la CAF peut apporter dans la préparation et dans le soutien de ces cinq pays. Le souhait, c'est qu'un pays africain aille le plus loin possible dans cette compétition."
Gernot Rohr, sélectionneur du Nigeria, a mis en garde le pays afin de régler le paiement des primes de qualification au Mondial avant le début du tournoi. Ces affaires de primes ternissent souvent l’image des pays africain en compétition. Qu’en pensez-vous ?
Ahmad : "C'est ce que je vous disais, la CAF est là pour apporter un soutien qui englobe de nombreux éléments. Au sein de mon bureau, il y a des gens qui ont l'expérience de la Coupe du monde, comme mon 1er vice-président qui a participé 3 fois au tournoi avec le Ghana. Nous sommes là pour être à l'écoute et accompagner dans les meilleurs termes les équipes. Nous avons toujours dit qu'en Afrique, on ne peut pas développer le football sans les autorités politiques. C'est notre conviction."
Depuis votre prise de fonctions, avez-vous connu des retards de paiement avec le Nigeria ?
Gernot Rohr : "Vous savez, il est impossible en Afrique de me pas les connaitre. Je n’ai pas connu pire au Nigeria. La confiance placée en mes dirigeants a payé puisqu’aujourd’hui il n’y a plus de retard. Tout m’a été payé. Les Africains sont aussi des gens de parole, reconnaissants quand on fait son travail."
Votre contrat a-t-il été prolongé ?
Gernot Rohr : "Le président m'a dit oralement qu'il voulait me prolonger de deux ans. Rien n'est signé mais je n’ai aucun doute que cela sera fait prochainement. Je suis prêt à faire ce travail encore avec une jeune équipe qui va encore progresser jusqu’en 2020."