Le président du Barça fait son bilan samedi

Le président du FC Barcelone, Josep Maria Bartomeu, lors d'une conférence de presse à Barcelone, le 29 mai 2017.

Le président du FC Barcelone, Josep Bartomeu, présente samedi son bilan aux supporters-actionnaires (socios) du club, l'un des emblèmes de l'identité catalane, tiraillé entre indépendantistes et tenants de l'universalité du Barça.

Le climat s'annonce tendu. Si le bilan économique du club, que Bartomeu défendra à partir de 10h30 (08h30 GMT) devant l'assemblée générale des socios, s'annonce plutôt solide avec un budget prévisionnel record de 897 millions d'euros en 2017-2018, des questions d'ordre politique seront sans doute beaucoup plus épineuses.

Les 143.459 socios du Barça résident pour 92% d'entre eux en Catalogne. Ils sont propriétaires du club, situation que l'on retrouve notamment au Real Madrid, et ce sont eux qui élisent tous les six ans le président du Barça.

Autre carte dans leur main: ils ont le pouvoir de déposer une motion de censure contre le président du club, s'ils réunissent 15% des 110.000 socios en âge de voter, soit 16.500 parrainages.

Or le Barça évolue depuis plusieurs semaines sur un fil, coincé entre les indépendantistes qui lui reprochent une position trop molle, et ses supporters à travers le monde qui mettent en avant l'universalité du club.

Mercredi, pour le premier match au Camp Nou depuis le référendum du 1er octobre, les ultras ont déployé un drapeau frappé d'un message clair: "Freedom for Catalonia" ("Liberté pour la Catalogne").

Un slogan nettement plus fort que celui du club qui, avec l'autorisation de l'UEFA, avait fait déployer une bâche géante appelant au "dialogue" et au "respect", avant le match de Ligue des Champions face aux Grecs d'Olympiakos (3-1).

'Penas' mécontentes

"Notre position est très claire, nous voulons un dialogue, dialoguer autour d'une table" pour régler la situation en Catalogne, avait souligné après la rencontre Josep Maria Bartomeu.

Insuffisant pour une partie des socios les plus ultras, qui ont visé Bartomeu mercredi soir par des appels à la démission.

Après la mise en détention de Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, deux importants dirigeants d'associations indépendantistes inculpés de sédition, le club catalan avait décidé d'un geste fort en faveur de ces associations, l'Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, en invitant plusieurs de leurs représentants au match de mercredi. Mais ces derniers ont décliné.

"Nous pensons que le message du FC Barcelone ne représente pas le sentiment de la majorité de ses supporters. C'est pourquoi nous refusons l'invitation en tribune d'honneur", a écrit l'ANC sur son compte Twitter.

A l'inverse, la prise de position politique du Barça lui a été reprochée par certaines "penas" (groupes de supporters) dans le monde et dans les autres régions d'Espagne, qui dénoncent la politisation de l'institution.

La fédération des penas de la région de Castille et Leon a ainsi demandé lors de son assemblée en septembre: "Plus de Barça, moins de politique, la politique au parlement", avec un "Màs Barça" ("plus de Barça") en écho au slogan officiel "Mes que un club" ("plus qu'un club"), affiché sur les tribunes du Camp Nou.

"Le club devrait toujours être un exemple de respect de la pluralité de pensée de ses partenaires, quel que soit le problème politique", ont également regretté plusieurs penas de la région de Leon mercredi.

"En funambule, Bartomeu slalome comme il peut entre l'UEFA, l'État, les supporters et l'opinion publique", résumait ainsi le quotidien catalan Sport. Samedi matin, il devra (peut-être) trancher.


Avec AFP