Le principal opposant au Kremlin candidat à la présidentielle de 2018

Alexei Navalny, Moscou, le 9 septembre 2013

Alexeï Navalny a annoncé vouloir être candidat à l'élection présidentielle de 2018, pour laquelle le président russe Vladimir Poutine devrait sauf surprise se présenter pour un quatrième mandat.

"Des élections présidentielles se tiendront dans notre pays en 2018 et j'ai décidé d'y participer", a déclaré M. Navalny dans un communiqué envoyé à ses soutiens.

Dans une vidéo diffusée sur internet, cet avocat et blogueur anticorruption aux accents volontiers nationalistes a appelé à la "confrontation des idées", promettant de s'attaquer aux inégalités de revenus, d'assurer l'indépendance de la justice et de revoir la participation du pays aux coûteuses campagnes militaires, notamment en Syrie.

"Ceux qui sont au pouvoir le sont depuis 17 ans et ont cessé de prêter attention aux critiques", affirme-t-il.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter l'annonce de M. Navalny.

L'opposant pourrait toutefois être interdit de se présenter à cause de ses nombreux démêlés avec la justice, qu'il dénonce comme autant de tentatives de l'empêcher de participer à la vie politique et de mener ses enquêtes.

En novembre, la Cour suprême russe a ordonné un nouveau procès dans une affaire de détournement de fonds pour laquelle il avait déjà été condamné en 2013.

"Je sais à quel point il sera difficile de s'opposer au pouvoir actuel et à sa machine de propagande. Je comprends très bien que même devenir candidat ne sera pas simple", a souligné l'opposant.

Alexeï Navalny, qui en octobre 2013 a obtenu le score honorable de 27,2% à l'élection municipale de Moscou, s'est imposé ces dernières années comme l'opposant numéro un à Vladimir Poutine.

Il a fait plusieurs allers-retours en prison et a été assigné à résidence, généralement pour avoir participé à des rassemblements non autorisés.

En 2013, il avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir organisé en 2009 le détournement de quelque 400.000 euros au détriment d'une société publique d'exploitation forestière alors qu'il était consultant du gouverneur libéral de la région de Kirov, à 900 km à l'est de Moscou.

La même année, sa peine a cependant été commuée en sursis en appel. Alexeï Navalny a toujours dénoncé une accusation "fabriquée" aux "mobiles politiques évidents".

Fin 2014, il avait également écopé de trois ans et demi de prison avec sursis pour avoir détourné, selon l'accusation, près de 400.000 euros appartenant à une filiale russe de la société française de cosmétiques Yves Rocher.

Libéral et favorable à un rapprochement avec les Occidentaux, M. Navalny a aussi régulièrement participé à des rassemblements aux relents xénophobes comme la Marche russe, et a été exclu en 2007 du parti d'opposition libéral Iabloko pour ses prises de position nationalistes.

Avec AFP