Le président burundais rebaptise stade et aéroport

Le président burundais Pierre Nkurunziza contrôle le ballon lors d'un match de football avec ses amis à Bujumbura, au Burundi, le 20 mai 2015.

Le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé lundi sa décision de rebaptiser l'aéroport, le stade et une avenue de Bujumbura, le choix des nouveaux noms suscitant la controverse sur les réseaux sociaux dans le pays.

Cette mesure, une première pour le président Nkurunziza au pouvoir depuis 2005, vise à "rendre hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour le Burundi", a-t-il annoncé dans un discours à la nation à l'occasion du 57e anniversaire de l'indépendance du pays.

Le "stade Prince Louis Rwagasore" de Bujumbura, du nom du héros national de l'indépendance proclamée le 1er juillet 1962, s'appelle désormais le "Stade des Braves".

Le président a promis de donner le nom de Rwagasore à la future Assemblée nationale mais sa décision a tout de même suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux.

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"Choisir le jour de l'indépendance pour effacer le nom du Prince héros et martyr du stade P.L. Rwagasore est un blasphème national, une insulte et une trahison", a tweeté Teddy Mazina, un photojournaliste burundais en exil.

L'aéroport international de Bujumbura devient l'aéroport Melchior Ndadaye, du nom du premier président hutu démocratiquement élu en 1993. Son assassinat, toujours en 1993, au cours d'une tentative de putsch par l'armée alors dominée par la minorité tutsi, avait plongé le pays dans une décennie de guerre civile (1993-2006).

L'avenue du 3 novembre dans les quartiers de Cibitoke et Mutakura, qui furent au cœur de la contestation contre le troisième mandat du président Nkurunziza en 2015, a été rebaptisée boulevard du général Adolphe Nshimirimana, l’ex chef du service secret du régime assassiné le 2 août 2015 au plus fort de la crise.

Ces changements suscitaient beaucoup de commentaires des internautes burundais, certains se félicitant de ces annonces "historiques", d'autres les condamnant.

"Les noms du président Melchior Ndadaye et du général Adolphe Nshimirimana viennent d'être immortalisés par le président", s'est réjoui le colonel Alfred Museremu, un des principaux responsables du Service national de renseignement (SNR).

Le chef de l'Etat a également annoncé la création d'une "commission d'experts" qui a trois mois pour baptiser des ouvrages et monuments du Burundi du nom "de ses Braves, pour qu'ils s'inscrivent à jamais dans le cœur des Burundais".

"Sans aucune consultation, sans même attendre le rapport de sa CVR (Commission vérité et réconciliation), Nkurunziza dresse une liste de ses héros, baptise et débaptise des infrastructures et à la fin, il annonce la création d'une commission qui fera le même travail", s'est insurgé sur Twitter Pacifique Nininahazwe, l'une des figures de la société civile aujourd'hui en exil.

Le Burundi est en crise depuis que le président a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat. Il avait été réélu en juillet de la même année.

Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d'après les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.