Le militaire, formé au Maroc et en France, surgit sur la scène politique en 1999 en s'emparant du pouvoir par la force dans ce petit archipel de l'océan Indien, régulièrement déstabilisé par des coups d'Etat.
Azali Assoumani expliquera, a posteriori, avoir voulu prévenir une guerre civile à la suite des crises séparatistes qui ont secoué les Comores de 1997 à 2001.
Dans ses premières déclarations, celui qui se présente comme un "profond démocrate" affirme ne pas vouloir "jouer les prolongations". Mais il repousse à plusieurs reprises l'occasion de rendre le pouvoir aux civils.
Elu en 2002, il cède finalement le pouvoir en 2006 en vertu de la nouvelle Constitution qui a instauré la présidence tournante entre les trois îles composant l'Union des Comores (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli).
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En 2016, l'appel du pouvoir est trop fort. Il se représente, comme le lui autorise la Constitution, à la fonction suprême, et contre toute attente retrouve le palais présidentiel au terme d'un scrutin chaotique et contesté.
- Autoproclamé imam -
Mais celui a troqué son treillis pour des tenues civiles souvent chatoyantes - qui ne font rien pour masquer son embonpoint - est accusé depuis plusieurs mois de dérive autoritaire par l'opposition et la société civile.
Il suspend la Cour constitutionnelle, son principal rival Ahmed Abdallah Sambi est assigné à résidence depuis mai, et plusieurs opposants sont arrêtés.
Dans la même veine, il annonce en avril un référendum constitutionnel très controversé, qui autorise le président à briguer deux mandats consécutifs, contre un actuellement.
L'homme ne supporte aucune contrariété. "C'est dans les pays en conflit qu'il faut envoyer une médiation", déclare-t-il face aux réserves étrangères sur son projet référendaire.
Sa réforme a finalement été plébiscitée lundi avec 92,4% des suffrages, lui ouvrant un boulevard pour prolonger sa présidence.
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Azali Assoumani, 59 ans, compte en effet convoquer des élections anticipées en 2019, qui remettront les compteurs à zéro pour le nombre de mandats présidentiels. En cas de victoire aux scrutins, il pourra rester aux commandes des Comores jusqu'en 2029.
Bon tribun, le colonel, marié et père de quatre enfants, affiche ouvertement sa religion musulmane. Il s'est autoproclamé imam après sa réélection en 2016.
A la mosquée le vendredi, il prodigue régulièrement la bonne parole à grand renfort de versets coraniques. "Le président est l'imam d'un pays. Et même le grand mufti ici présent est sous mes ordres", déclarait-il en juin.
Sa réforme constitutionnelle adoptée lundi fait d'ailleurs de l'islam la religion d'Etat des Comores, pays qui était jusqu'à présent laïc.
Né le 1er janvier 1959 sur l'île comorienne de la Grande-Comore, le colonel Azali a été formé à l'Académie royale militaire marocaine de Meknès (1978-1981) et à l'Ecole de guerre de Paris (1985-1986).
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Ses détracteurs ne ratent aucune occasion de rappeler un épisode peu glorieux de sa carrière militaire: en 1995, il avait abandonné ses hommes en plein affrontement avec une dizaine de mercenaires conduits par le Français Bob Denard.
"Tenez-bon, je vais chercher des renforts", leur aurait-il dit avant de se réfugier dans l'enceinte de l'ambassade de France à Moroni.
Avec AFP