La cérémonie officielle a démarré à la mi-journée au siège du gouvernement, baptisé Union Buildings et situé sur les collines de la capitale sud-africaine.
"Je, Matamela Cyril Ramaphosa, jure que je serai fidèle à la République d'Afrique du Sud et que j'obéirai, observerai, défendrai et préserverai la Constitution et toutes les lois de la République", a solennellement déclaré le chef d'Etat de 71 ans devant Raymond Zondo, président de la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction du pays.
Au début de la matinée, sous un soleil froid d'hiver austral, les invités en costumes traditionnels ou robes de soirée réchauffées d'un manteau ont été accueillis au compte-goutte par le spectacle de musiciens et danseurs locaux.
Une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement étaient attendus. Le roi des Zoulous, plus grande ethnie du pays d'Afrique australe, est présent ainsi que l'ex président sud-africain Thabo Mbeki, la veuve du premier président noir du pays Nelson Mandela, Graça Machel, et l'épouse du dernier président blanc Frederik de Klerk.
Le convoi présidentiel, emmené par une trentaine de motards et surmonté de drapeaux verts, rouges et or aux couleurs nationales, est arrivé peu avant midi. En costume sombre et affichant un air digne, M. Ramaphosa a gravi les marches de l'Union Buildings recouvertes d'un tapis rouge en tenant la main de son épouse.
La prestation de serment a été conclue par 21 coups de canons et l'hymne national pendant que des hélicoptères de l'armée de l'air ont déployé des drapeaux nationaux dans le ciel.
"Union nationale"
Chef d'Etat et président du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid, Cyril Ramaphosa est devenu président de la République pour la première fois après la démission de Jacob Zuma en février 2018. Elu dans la foulée en 2020, il a été réélu pour cinq ans par l'Assemblée nationale la semaine dernière, après des élections législatives le 29 mai qui se sont soldées par un revers cuisant pour l'ANC.
Sanctionné dans les urnes dans un climat de pauvreté croissante, de chômage endémique et d'affaires de corruption, le parti historique a perdu pour la première fois sa majorité absolue au Parlement en tombant sous la barre des 50% des voix. Il ne détient plus que 159 des 400 sièges de députés, lesquels élisent le président.
Cyril Ramaphosa devra diriger un gouvernement de coalition inédit en trente ans de démocratie et partager le pouvoir avec une partie de l'opposition. Les tractations en vue de la formation du prochain gouvernement sont encore en cours et les spéculations vont bon train sur les portefeuilles qui devront être cédés par l'ANC.
La première formation politique d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), parti libéral encore largement perçu comme blanc et détenant 87 sièges à l'Assemblée, a répondu à l'appel de M. Ramaphosa de former un "gouvernement d'union nationale". Tout comme le parti nationaliste zoulou Inkatha Freedom Party (IFP), qui a décroché 17 postes de députés, et deux autres petits partis.
Les radicaux de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) du turbulent Julius Malema et le parti uMkhonto weSizwe (MK) de l'ex-président devenu inéligible Jacob Zuma se sont de leur côté rapprochés ces derniers jours, promettant chacun d'"écraser" l'alliance gouvernementale "dirigée par des blancs".
Le MK, qui a déposé en recours contestant les résultats des élections législatives, a indiqué dans un communiqué que ses députés élus n'assisteront pas à "la cérémonie d'investiture grotesque de Cyril Ramaphosa", qualifiant ce dernier de "marionnette" aux mains de la DA.