Le président a ordonné au gouvernement de réserver ces 10 hectares sur les quelque 600 de l'aéroport Léopold-Sédar-Senghor dans le nord de la capitale, selon un communiqué du conseil des ministres publié mercredi soir.
Lire aussi : A Dakar, le front de mer cède du terrain sous les assauts des promoteursIl s'agit de créer là un "espace de détente, constitué d’un bois, de bocage, de marais et d’aires de jeu, (...) une zone de promotion de la biodiversité floristique", dit le communiqué.
Le ministère de l'Environnement n'a pas répondu jeudi à l'AFP qui lui demandait des détails sur le projet.
Celui-ci, malgré ses dimensions, retient l'attention. Métropole de plus de 3,5 millions d'habitants, soit près du quart des plus de 16 millions de ce pays pauvre, Dakar n'abrite que de rares espaces verts que lorgnent des promoteurs immobiliers à l'appétit féroce. La capitale sur l'Atlantique est actuellement le théâtre d'un débat sur la bétonisation de son littoral et la réduction de l'accès du public à la côte.
Lire aussi : Le Sénégal refuse à des dizaines de bateaux étrangers ses eaux atteintes de surpêcheAutrefois appelée Cap-Vert en raison de la luxuriance de sa végétation, la presqu'île et ses alentours sont de plus en plus bétonnés et pollués du fait notamment d'un parc automobile sans cesse grandissant et pour l'essentiel usagé.
Les 600 hectares de l'aéroport Senghor représentent une rare trouée dans le tissu urbain, avec les quelque 60 hectares du parc forestier du quartier de Hann. Reconverti en aérodrome militaire depuis la mise en service fin 2017 d'une nouvelle infrastructure à Diass, à une cinquantaine de km de Dakar, le lieu est sous-exploité.
Le gouvernement a récemment décidé de mettre 30 hectares sur les 600 entre les mains de la Caisse des dépôts et consignations, institution financière qui devra les vendre.
Lire aussi : Les Sénégalais adaptent à la pandémie l'application d'une loi anti-plastiqueCette ressource foncière a donné à d'autres l'idée d'un poumon vert. Un collectif a recueilli plus de 23.000 signatures depuis janvier pour transformer le site en un Central Park local, en référence au parc à New York.
Mamadou Sakho, militant de l'environnement et responsable du collectif, a dit "bravo" à ceux qui se battent pour cette cause. Mais le compte n'y est pas, a-t-il dit à l'AFP.
"Dans le monde, les parcs, ce n'est pas moins de 60 hectares. Central Park, c'est 300 hectares", déclare-t-il.
"Réserver 1,5% de 600 hectares montre que ce n'est pas la priorité du gouvernement alors que l'environnement est une priorité au Sénégal", dit-il.
Lire aussi : Au Sénégal, les baobabs ploient sous la pression des cimentiers