Premier virement bancaire entre Khartoum et Washington depuis 20 ans

Des clients attendent devant la Banque de Khartoum, à Khartoum, au Soudan, le 11 septembre 2017.

Le premier virement bancaire entre le Soudan et une banque basée aux États-Unis a été réalisé avec succès la semaine dernière, mettant fin à plus de 20 ans d'isolement économique.

L'ambassadeur du Soudan aux États-Unis, Nureldin Satti, a déclaré à la VOA qu'il avait reçu un virement "test" de la Qatar National Bank à Khartoum vers son compte personnel à la banque Wells Fargo aux États-Unis.

Ce changement facilitera les envois de fonds par le biais de transactions bancaires directes entre le Soudan et les États-Unis au profit de l’économie et du peuple soudanais, a déclaré M. Satti à la VOA.

Le rétablissement des transactions directes entre les deux pays a commencé il y a quelques semaines lorsque le département du Trésor américain a envoyé un message encourageant les banques à effectuer des transactions avec le Soudan.

"L'une de ces banques était la Qatar National Bank. Elle a répondu favorablement à cette demande et pris contact avec Wells Fargo qui a également accepté la demande", selon M. Satti.

La Banque nationale du Qatar à Khartoum a effectué un virement bancaire "test" d'un petit montant à la société américaine Wells Fargo, virement "que j'ai reçu sur mon compte personnel il y a quelques jours", a dit M. Satti à la VOA.

Une transaction historique

C'était la première fois que de l'argent pouvait être transféré entre le Soudan et les États-Unis par les voies officielles depuis que l'administration Clinton avait imposé des sanctions économiques au Soudan en 1997.

Par un décret, le président Bill Clinton avait interdit tout investissement américain au Soudan ainsi que la plupart des échanges bilatéraux, citant un soutien continu du Soudan au terrorisme international, ses mauvais résultats en matière de droits de l'homme, y compris le manque de liberté religieuse, et ses efforts pour déstabiliser la région.

Au début de 1993, les États-Unis avaient également inscrit le Soudan sur la liste des États aidant le terrorisme pour avoir hébergé des terroristes internationaux, y compris Oussama Ben Laden.

La levée des sanctions

L'administration Obama a entamé le processus de levée des sanctions économiques contre le Soudan en 2017 en invoquant la coopération du Soudan avec les États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme et ses efforts pour améliorer son bilan en matière de droits humains.

Les États-Unis ont officiellement annulé la désignation du Soudan en tant qu’État parrain du terrorisme en décembre 2020 à la suite des changements politiques au Soudan et de l'accord du gouvernement de transition pour indemniser les victimes du terrorisme dans les cas où le Soudan a été reconnu coupable de soutien à Al-Qaida.

Des réformes économiques

Mais les analystes ont déclaré à VOA que les transactions bancaires directes vers le Soudan restent problématiques en raison des « distorsions » de l'économie soudanaise et des taux de change multiples et fortement variables de la livre soudanaise par rapport au dollar américain.

Le 20 février, le gouvernement de transition du Soudan a annoncé la décision de faire flotter la livre pour combler l'énorme écart entre le taux de change officiel du Soudan, qui était de 55 livres pour un dollar, et le taux de change du marché noir, qui s'élevait à près de 400 livres pour un dollar.

Cette décision a été saluée par les responsables soudanais comme étant une avancée dans le cadre de réformes économiques plus larges que le gouvernement de transition Soudanais a entrepris sous l’égide d'un plan approuvé par le Fonds monétaire international en octobre 2020.

« La dépréciation de la livre soudanaise a été très préjudiciable à quiconque souhaitait envoyer des fonds au Soudan ou y investir », a déclaré M. Satti à la VOA. « Et bien sûr, au peuple soudanais en premier lieu à cause du taux d'inflation élevé depuis une vingtaine d’années. »

Le gouvernement soudanais espère que l'unification de ses multiples taux de change encouragera le commerce et les investissements directs au Soudan et facilitera les transactions entre les banques basées au Soudan et le monde extérieur via les canaux officiels, a expliqué M. Satti. Le plus haut diplomate soudanais aux États-Unis a noté qu'un autre test sera effectué cette semaine pour s’assurer que la transaction marche dans le sens inverse : de l'argent sera envoyé d'une banque américaine vers le Soudan et, en cas de succès, les Soudanais aux États-Unis seront en mesure d'envoyer des fonds dans leur pays via des canaux fiables et officiels pour la première fois depuis des décennies.

Article rédigé par Nabeel Biajo du service anglophone de la VOA. Lire l'original>>