Le gouvernement sénégalais a annoncé un nouveau plan décennal (2023 - 2033) de lutte contre les inondations, le deuxième du genre. Pour les Sénégalais qui vivent sous les eaux, il n’est pas encore l’heure de se projeter sur un nouveau plan.
"On entend parlant de milliards investis pour lutter contre les inondations et le mal persiste, soyez honnête: en réalité ces fonds ont été détournés", déclare un habitant de Dakar, la capitale.
Les Sénégalais qui vivent sous les eaux émettent des doutes sur les investissements annoncés et sont peu enthousiastes face au nouveau plan de lutte contre les inondations qui va s’étendre de 2023 à 2033.
Mbeugé Diaw habite à Diamaguene, dans la banlieue de Dakar. Pour elle, les autorités ne prennent pas réellement conscience du calvaire que vivent les populations de ce quartier.
"Quand tu sors du lit, tes pieds sont dans l’eau, tu peines à faire le petit-déjeuner car toute la maison est inondée, il est impossible d’aller aux toilettes, ta cuisine est sous les eaux et tu n’as malheureusement pas d’autres endroits où aller. Il faut vivre cette situation pour comprendre notre calvaire quotidien", explique-t-elle amèrement.
Ce scénario se répète chaque année au moment de l’hivernage, ce qui agace les populations qui s’en désolent.
Ismaila Cissé pense que le Sénégal "ne devrait plus connaître d’inondations. Dans certains quartiers à hauteur des autoroutes, les voies sont englouties par les eaux pluviales, c’est inadmissible", peste-t-il.
Pour Ismaila, il est temps de mettre des "infrastructures adéquates pour l’évacuation des eaux. Autant d’argent pour lutter contre les inondations et la situation va de mal en pis. On nous avait annoncé des milliards pour lutter contre cela mais le mal persiste donc c’est tout à fait normal qu’on ne soit pas enthousiaste face à ce nouveau plan. On sait ce qui se passe, on vit ce type de scénario chaque année, rien ne marche au Sénégal", affirme-t-il.
Boubacar Barry, expert en hydraulique, estime que le réel problème est l’évacuation des eaux usées. Pour l’expert, les investissements financiers doivent être accompagnés de plans stratégiques adaptés à la réalité du terrain.
"Les facteurs explicatifs sont la saturation des sols 12 mois sur 12 à Dakar et sa banlieue. Il y a très peu d'assainissement", analyse-t-il. Mais il reconnaît quand même quelques avancées. "Dans certains endroits, des progrès ont été faits. Mais il faut savoir que l’on ne règle pas un problème avec son chéquier. Il faut une bonne stratégie et bonne vision et un bon plan", dit-il.
Pour rappel, en 2012, le président Macky Sall avait lancé le Programme décennal de gestion des inondations, une stratégie nationale et prioritaire mise en œuvre par différents ministères et agences d’État.
Neuf ans plus tard, plus de 511 milliards de francs CFA ont été dépensés dans ce cadre, selon le ministre des finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo. Mais face à la réalité du terrain, le chef de l’État Macky Sall a décidé la formulation d’un nouveau plan décennal.
Your browser doesn’t support HTML5