Le travail des enfants fréquent dans le secteur du tabac au Zimbabwe

Des enfants dans un champ de maïs à Harare, Zimbabwe, 2 février 2010.

De nombreux enfants, parfois dès l'âge de 11 ans, continuent à être employés dans les champs de tabac du Zimbabwe, au péril de leur santé et de leurs droits fondamentaux, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW).

"Le gouvernement du Zimbabwe doit prendre des mesures d'urgence pour protéger les ouvriers du tabac", a exhorté l'un de ses auteurs, Margaret Wurth.

Intitulé "Moissons amères", le rapport de 105 pages documente de nombreux cas de mineurs contraints de travailler dans des conditions dangereuses dans les champs de tabac pour payer leurs frais de scolarité ou pourvoir aux besoins de leur famille.

Ces jeunes ouvriers y sont exposés à la nicotine et à des pesticides toxiques qui causent nausées et vomissements.

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"Nous portons des sacs à dos et nous pulvérisons" les champs, a raconté à l'ONG une adolescente de 12 ans prénommée Mercy, citée dans le rapport. "J'ai eu envie de vomir parce que les produits chimiques sentaient très mauvais".

Un enseignant identifié comme Joseph a témoigné que ses élèves s'absentaient pour aller travailler dans les champs.

"Ces enfants commencent à ne plus venir en classe dès le début de la saison du tabac", a décrit ce maître d'école de la province du Mashonaland (nord). "Sur un trimestre de 63 jours, certains enfants ne viennent en classe que 15 à 24 jours".

"J'ai dû m'absenter de l'école car je devais payer mes frais de scolarité", a confirmé Davidzo, 15 ans, qui a affirmé avoir été battu par ses maîtres à son retour à l'école.

Parmi les autres abus recensés pendant son enquête, HRW cite le non-paiement des heures supplémentaires, voire des salaires de nombreux travailleurs saisonniers.

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Après l'or, les exportations de tabac constituent la deuxième source de devises du Zimbabwe. Vendues pour l'essentiel à la Chine et à l'Indonésie, elles lui ont rapporté 900 millions de dollars l'an dernier, selon les statistiques de l'industrie.

L'ONG de défense des droits de l'Homme a exigé du nouveau président du pays Emmerson Mnangagwa une "enquête approfondie (...) sur le travail des enfants et les violations des droits humains" dans le secteur.

M. Mnangagwa a succédé en novembre dernier au président Robert Mugabe, contraint à la démission par un coup de force militaire au terme d'un règne de trente-sept ans.

Avec AFP