Depuis plus d'un an, les coptes, dont le pape Tawadros II est un fidèle soutien au régime du président Abdel Fattah al-Sissi, ont été la cible de plusieurs attentats, notamment contre des églises, qui ont fait plus de 100 morts.
>> Lire aussi : Neuf morts dans une nouvelle attaque de l'EI contre une église en Egypte
Ce Noël fait donc l'objet de mesures de sécurité particulièrement ostensibles autour des principales églises du Caire quadrillées par les cordons de policiers.
"Cette année nous n'arrêterons pas de soutenir l'Etat, le président (Sissi) et de jouer notre rôle national mais nous espérons que les responsables trouveront un moyen de réduire ces attaques", confie à l'AFP le Père Makarios, évêque de Minya, une ville régulièrement secouée par les violences sectaires.
Et la menace reste grande: la semaine dernière, l'attaque par un jihadiste armé contre une église dans la banlieue sud de la capitale a coûté la vie à neuf personnes.
>> Lire aussi : Populisme et violences "au nom de Dieu" dénoncés par le Pape en Egypte
Les récentes attaques, revendiquées par l'organisation Etat islamique (EI), s'inscrivent dans un cycle de violences entamé en 2013 avec la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, qui a provoqué une insurrection jihadiste principalement dans le nord du Sinaï.
Des centaines de policiers et soldats, ainsi que des civils ont été tués.
Les attaques à répétition contre les coptes, ont fait d'eux une cible de choix pour l'EI, qui ne se contente plus seulement de viser les membres des forces de sécurité.
La série noire a démarré en décembre 2016 avec un attentat suicide contre une église du Caire, contigüe à la cathédrale Saint-Marc, siège du pape de l'Eglise copte orthodoxe Tawadros II. Bilan 29 morts.
- Affrontements -
Puis, sous la menace d'extrémistes, des dizaines de familles coptes ont fui en février la région bouclée du Nord-Sinaï.
>> Lire aussi : Le pape attendu en avocat de la tolérance vendredi au Caire
En avril, deux autres attentats, contre deux églises à Tanta et Alexandrie (nord), ont fait 45 morts.
En mai, au moins 28 personnes, dont de nombreux enfants, ont été tuées dans l'attaque d'un bus transportant des pèlerins vers un monastère copte, dans la province de Minya, à plus de 200 km au sud du Caire.
Des manifestations de chrétiens succèdent parfois aux attaques, entre hommages aux "martyres" et protestations contre de supposées négligences sécuritaires autour des églises.
Les coptes représentent 10% des quelque 96 millions d'habitants de l'Egypte et sont présents dans tout le pays. Ils sont faiblement représentés au gouvernement et se disent marginalisés.
>> Lire aussi : Les coptes d'Egypte célèbrent Pâques sous haute surveillance
De son côté, M. Sissi a multiplié les gestes d'ouverture en direction des chrétiens, participant aux grands événements cultuels aux côtés de Tawadros II.
Ce samedi, la messe de Noël se tiendra dans la plus grande cathédrale du pays, récemment érigée dans le désert où se construit la nouvelle capitale administrative, à environ 45 km du Caire.
Fin 2016, le chef de l'Etat a promulgué une loi sur la construction et la restauration des églises présentée comme une avancée. Nombreuses églises sont construites de manière illégale faute d'obtenir une autorisation administrative.
La présence de ces églises est parfois à l'origine d'affrontements inter-communautaires.
>> Lire aussi : Les chrétiens orthodoxes du monde célèbrent Noël
Fin décembre, des centaines d'assaillants ont fait irruption dans une église construite illégalement à une centaine de kilomètres au sud du Caire, faisant plusieurs blessés, selon un communiqué de l'archevêché.
Après les attaques, "le deuxième dossier important (est celui des) tensions et (de) la violence liées à la pratique des rituels coptes", estime Ishak Ibrahim, auteur d'un rapport de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) publié en décembre.
Les fermetures d'églises et d'édifices religieux fréquentés depuis des années ont augmenté cette année selon lui.
Avec AFP