"Des entreprises détenues par la très redoutée agence de renseignement, l'armée du Zimbabwe ou le gouvernement lui-même ont délibérément dissimulé leurs comptes et leurs opérations", accuse l'ONG de lutte contre la corruption, Global Witness.
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Selon Global Witness, les services secrets zimbabwéens (Organisation centrale de renseignement, CIO) ont ainsi détenu discrètement une partie du capital d'une entreprise qui extrait des diamants dans la mine de Marange (est).
Des documents jusque-là tenus secrets suggèrent que des pierres produites par cette entreprise, Kusena Diamonds, ont été vendues à Anvers et à Dubaï et ont servi à financer les services de sécurité du pays, affirme un rapport de Global Witness.
L'ONG cite le cas d'une autre entreprise un temps détenue pour partie par l'armée qui a, elle aussi, vendu des diamants en violations de sanctions imposées par l'Union européenne (UE) en riposte à la répression de l'opposition.
"Des éléments de la CIO et de l'armée sont étroitement mêlés à la lutte contre l'opposition politique et à de nombreux cas de violations des droits de l'Homme", selon Global Witness.
Sollicitées par l'AFP, les autorités zimbabwéennes n'ont pas immédiatement répondu à ces accusations.
Le Zimbabwe est dirigé d'une main de fer par le président Robert Mugabe depuis son indépendance en 1980.
Le pays traverse, depuis une funeste réforme agraire engagée au début des années 2000, une grave crise économique et financière qui nourrit la colère de la population. Elle a causé l'an dernier une énième vague de protestation sévèrement réprimée.
Le Zimbabwe n'a jamais publié de statistiques jugées crédibles de ses activités diamantifères, qui ont débuté en 2006.
En 2013, un rapport parlementaire avait fait état de "sérieuses différences entre les bénéfices tirés par le gouvernement de ces activités et les revenus que les compagnies minières du secteur ont assuré avoir versé au Trésor".
En 2012 déjà, Global Witness avait affirmé que la CIO avait reçu 100 millions de dollars (83 millions d'euros) et une flotte de 200 véhicules de la part d'un homme d'affaires établi à Hong Kong en échange de diamants vendus hors des circuits officiels.
"Une découverte riche de tant de promesses pour la population du Zimbabwe n'a suscité que la déception en ne servant qu'à des intérêts politiques et économiques personnels", a déploré Michael Gibb, de Global Witness.
L'UE a suspendu en 2013 la plupart des sanctions imposées en 2002 au Zimbabwe pour protester contre la violence politique, notamment l'embargo pesant sur la Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC), l'entité aujourd'hui chargée de la commercialisation des diamants.
Avec AFP