Dans le centre nord du pays, le gouvernement burkinabè et ses partenaires s’activent sur les sites d’accueil de déplacés internes comme celui de Barsalogho, pour apporter les soutiens nécessaires aux familles affectées.
Dès le matin sur le site des déplacés internes de Barsalogho, l'administrateur du camp fait une ronde. Depuis près de trois mois, Ali Tapsoba a en charge la bonne marche de ce camp.
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Ali Tapsoba, administrateur du site de Barsalogho, rappelle que "nous avons au total 83 tentes qui abritent plus de 252 ménages. A la date du 31 janvier 2019, on avait 1132 personnes déplacés internes, dont 646 enfants, 197 hommes et 289 femmes".
Visibles à perte de vue, ces abris sont les témoins du traumatisme encore présent au sein de ces déplacés internes parmi lesquels Djénéba Diallo du village de Sago. À soixante ans, elle a perdu six membres de sa famille dans les exactions.
Le témoignage de Djeneba Diallo, déplacée interne de Barsalogho, est poignant : "ils sont venus brûler nos greniers, nos maisons... Ils ont tué mes trois fils, mon époux et ses deux frères... Nous avons passé trois nuits dans la brousse avant d’être secourus par la mairie de Barsalogho. Nous étions 31 personnes amenées ici. Comme les auteurs sont toujours en liberté, difficile de penser à y retourner".
Un service d'assistance psycho-sociale aide ces familles à se reconstruire.
"Dû au fait qu’ils étaient dans la nature sans protection, ils avaient des problèmes respiratoires. Au niveau psycho-social, c’est le traumatisme qu’ils ont subi, quand vous les écoutez, vous êtes en face d’une personne absente, ou bien quand vous évoquez un problème avec la personne, elle commence à pleurer", explique Noël Konkobo, le responsable de cette cellule d'assistance.
Dans le camp, les déplacés se sentent en sécurité, même s’ils trouvent leur vie difficile comme Boukary Barry, 40 ans, issu du village de Foubé.
"Nous n’avons pas assez de tentes, et la chaleur qu’elles produisent est difficilement supportable. Dans cette tente, nous sommes 40, là-bas, ils sont 37, par ici il y a 29 personnes, nous souhaitons plus d’abris et plus d’eau potable. Avant nous étions actifs, on faisait du commerce, de l’orpaillage, maintenant nous ne faisons rien, on passe le temps à boire du thé, on emprunte de l’argent, nous avons pourtant besoin de travail, car on ne peut plus rentrer chez nous. Les Koglwéogo y sont toujours".
Des difficultés résiduelles persistent sur le site reconnaît l’administrateur du camp Ali Tapsoba : "nous avons deux forages et un baladeur de 10 000 litres, mais ça ne permet toujours pas de couvrir les besoins en eau. Sinon sur tous les autre points, on peut saluer les efforts du gouvernement et de ses partenaires, car la plupart des familles ici disposent de kits d’hygiène et de cuisine. Les vivres sont distribués selon leurs habitudes alimentaires.»
A Barsalogho, les déplacés se remettent lentement du drame vécu à Yirgou mais leur avenir est encore incertain.